C’est une première pour les États-Unis : la dette nationale vient de franchir un nouveau cap, car elle aurait en effet surpassé les 30 000 milliards de dollars d’après les dernières données du Département du Trésor américain – du jamais vu !
Le franchissement de ce seuil arrive plus tôt que prévu à cause des mesures qui ont été prises par le gouvernement pour lutter contre les conséquences de la pandémie de la Covid-19. Mais ce niveau souligne tout de même « la fragilité de la santé économique à long terme du pays » selon The New York Times.
Ce n’est pas la dette qui est insoutenable, mais la trajectoire selon le président de la banque centrale américaine
Alors que certains analystes et économistes pensent qu’il est difficile de réellement déterminer à quel point la dette est excessive et si le niveau de dette actuel est vraiment un souci, d’autres considèrent que ce niveau est insoutenable maintenant que les coûts d’emprunt devraient rapidement augmenter aux États-Unis.
Pour Powell, « la dette n’est pas à un niveau insoutenable, mais la trajectoire est insoutenable – ce qui signifie qu’elle augmente plus vite que l’économie, significativement plus vite que l’économie. Nous devons y remédier au fil du temps. Nous le ferons au fil du temps. Et la meilleure façon de le faire est de le faire rapidement ».
Une Fed prête à augmenter ses taux plus rapidement que prévu
Avec les récentes déclarations de la Réserve Fédérale (Fed), il semblerait que la banque centrale américaine ait adopté un ton beaucoup plus faucon/hawkish qu’anticipé. Cela signifie donc que la politique monétaire américaine sera davantage restrictive. La surprise vient surtout de la vitesse à laquelle la banque centrale souhaite normaliser sa politique monétaire.
Le rythme adopté semble être plus rapide que ce qu’avaient initialement anticipé les participants au marché. Fin janvier 2022, Bank of America Corp. prévoit 7 hausses de taux en 2022, tandis que BNP Paribas SA en prévoit 6 et que JP Morgan Chase & Co. et Deutsche Bank AG en anticipent 5 d’après Bloomberg.
La hausse des coûts d’emprunt va impacter le remboursement de l’importante dette américaine et plus…
La Fed souhaite commencer à normaliser sa politique monétaire pour lutter contre la forte inflation observée dans le pays et assurer son mandat de stabilisation des prix. Pour rappel, l’inflation correspond à une perte de pouvoir d’achat dans le temps. Cela signifie que la valeur de vos euros demain sera plus faible que celle d’aujourd’hui et que vous ne pourrez pas acheter la même quantité de biens/services.
En augmentant ses taux d’intérêt, la Fed rend le coût des emprunts plus cher, ce qui signifie que le pays va devoir débourser plus pour rembourser l’énorme dette accumulée toutes ces années. Selon les chiffres de la Fondation Peter G. Peterson, qui promeut la réduction du déficit, les coûts d’intérêt à eux seuls devraient dépasser les 5 000 milliards de dollars d’ici 2032 ! L’augmentation des coûts d’emprunt signifie aussi que le montant que le pays pourra dédier à ses autres priorités sera limité et qu’il ne pourra pas soutenir la croissance du pays comme il se doit.
Toujours d’après la Fondation Peter G. Peterson, l’augmentation de la dette menace l’avenir du pays via une réduction des investissements publics, une réduction de l’investissement privé, moins d’opportunités économiques pour les Américains, un risque accru de crise budgétaire ou encore des challenges pour la sécurité nationale dans le temps.
« Atteindre la barre des 30 000 milliards de dollars est clairement une étape importante dans notre dangereuse trajectoire fiscale » a déclaré Michael A. Peterson, Directeur Général de la Fondation Peter G. Peterson. « Pendant de nombreuses années avant la Covid-19, l’Amérique avait une trajectoire fiscale structurelle insoutenable parce que les programmes que nous avons conçus ne sont pas suffisamment financés par les recettes que nous encaissons ».
Aller plus loin
- Variation de la dette américaine – Département du Trésor américain
- On qualifie souvent les banquiers centraux de « hawk » (faucon) ou « dove » (colombe) – De quoi parle-t-on ? – BSI Economics
Cela pourrait aussi vous intéresser…