Le célèbre indice parisien lancé en 1988 est en permanence commenté et scruté par les analystes. Les variations du CAC40 nous renseignent à la fois sur l’état de l’économie française et sur la position de la France à travers le monde. Le CAC40 est à l’image d’une certaine idée du capitalisme français. Pour autant, plusieurs problématiques se posent à nous. L’indice boursier connaît-il des régularités historiques ? Est-il possible de modéliser les variations passées et d’en déduire des figures particulières ?
CAC40 : une brève histoire de l’indice.
Le CAC40, c’est près de 1 800 semaines de cotations, soit environ près de 9 000 séances boursières à raison de 5 séances boursières par semaine. Avec une telle densité de dates, il est possible d’établir une structure d’analyse basique qui consiste à comparer l’ensemble des variations passées entre elles. Pour autant, cela ne nous dispense pas d’exposer l’histoire de l’indice. Il faut néanmoins avoir en tête que le CAC 40 représente l’équivalent d’actions américaines comme Apple en termes de capitalisation.
Le CAC40 a connu trois grands krachs depuis sa création : 2000 (-65%), 2008 (-60%) et 2020 (-40%). Hormis le fait que les krachs sont successivement moins violents dans l’histoire de l’indice, le CAC 40 demeure un indice moins performant que ses concurrents étrangers. Le CAC 40 a rarement eu des performances plus importantes que les indices américains par exemple, ce qui s’est inversé depuis 2020.
Pour nous guider graphiquement, nous avons décomposé le CAC40 en dix phases depuis 1990. Chacune de l’ensemble de ses phases est démarrée sur un indice de base 100. On remarque clairement que la phase de surperformance du CAC40 fut celle de 1997-2000, et que la plus forte phase de sous-performance enregistrée fut 2000-2004. Les variations extrêmes sont compensées successivement par des variations extrêmes. Néanmoins, on remarque que près des deux tiers de l’ensemble des phases se concentrent autour de la moyenne d’évolution représentée en rouge sur le graphique.
Indice d’évolution moyenne du CAC 40
Pour simplifier notre approche, nous représentons en noir l’indice du CAC 40 qui modélise la moyenne de l’ensemble des phases passées. Ensuite, nous ajoutons la phase actuelle en rouge. Pour mieux contextualiser notre analyse, nous avons mis les dates de la phase 2022-2025 plutôt que la position par rapport à la totalité d’une phase en pourcents. Dès lors, plusieurs observations s’ouvrent à nous.
D’une part, on remarque qu’il existe une certaine symétrie entre le cours actuel du CAC 40 et son évolution historique. Néanmoins, une légère divergence baissière demeure par rapport à l’indice. Nous devons rappeler que la phase 2018-2020 avait été très symétrique face à l’évolution historique jusqu’en 2020, puis le krach et la phase de rattrapage sur le niveau naturel de l’indice ont provoqué une forte repoussée haussière. Désormais, on démarre sur une sous-performance similaire pour ce début 2022 à l’évolution connue en 2000. Au 18 mai 2022, l’écart avec l’indice cyclique est de 9%, ce qui signifie que le niveau historique moyen serait aujourd’hui de 6 923 points.
Qu’en est-il des variations ?
La même grille d’analyse s’applique aux variations hebdomadaires du CAC 40. Après avoir décomposé en phases identiques les variations du CAC 40, nous agrégeons les données pour en faire ressortir certaines régularités. Bien que les variations moyennes du CAC40 soient très canalisées autour de -2 % et +2 % par semaine au plus, certains mouvements de ruptures sont intéressants à anticiper. Ainsi, nous avons comparé les variations actuelles du CAC40 en rouge, avec les variations moyennes (et donc probables) du CAC 40 en noir. A noter que les 10% du graphique correspondent à juin 2022.
Dès lors, on remarque que les variations actuelles sont anormalement amples, c’est-à-dire que le marché est significativement volatile. Par ailleurs, on remarque qu’il persiste une certaine symétrie entre les variations historiques et les variations que nous connaissons aujourd’hui. Ainsi, il est probable que le rebond que nous connaissons ces dernières semaines s’essouffle sous l’impulsion d’une baisse des performances haussières. Le prochain déblocage haussier ne serait pas à attendre avant juin, et surtout avant le début 2023.
En bref.
En bref, nous avons vu que le CAC 40 regroupe suffisamment de données pour permettre d’exploiter certaines régularités. Néanmoins, le CAC 40 ne possède pas une « symétrie cyclique » aussi forte que d’autres indices comme le Dow Jones. En ce sens, il convient d’écrire que ces données relativement simples nous permettent d’avoir une idée générale de la temporalité des marchés. Tout d’abord, la décomposition du CAC 40 montre qu’il n’existe pas d’impulsion significative depuis sa création qui permettrait au CAC 40 d’être un système de prix basé sur le hasard. Le CAC 40 suit globalement sa propre norme historique. En outre, la phase débutée en ce début 2022 montre une sous-performance historique qui pourrait ou non se poursuivre. Dans la théorie, cette méthode est fiable en partant du postulat selon lequel les indices finissent toujours par tendre vers leur moyenne dynamique.