Depuis le début d’année, la bourse de Paris est en pleine forme. Aujourd’hui, le CAC 40 retrouve les 7300 points. Rappelons que le plus haut sommet historique du CAC 40 a été atteint début janvier 2022 à 7384 points. Aujourd’hui, on peut dire que tous les évènements qui ont eu lieu depuis janvier 2022 ont donc été gommés par le marché. Gommée la guerre en Ukraine… Gommée l’inflation… Gommée la hausse des taux… L’indice boursier vedette de la bourse de Paris a donc plus que largement rattrapé toutes ses pertes de 2022. De la même manière que sur le deuxième semestre 2020 et en début d’année 2021, il avait gommé ses pertes liées au COVID et à l’arrêt de l’économie qui en fut consécutif.
On le sait, la bourse anticipe. On le sait, la bourse est davantage régie par un sentiment de confiance ou de défiance des investisseurs, qu’on appelle « le sentiment de marché ». Et aujourd’hui, il est positif. Il faut dire que les résultats des entreprises, qui tombent actuellement, sont encourageants et on constate que les fleurons de l’économie française sont peu exposées à la crise, ayant répercuté l’inflation sur leurs prix de vente, et ayant aussi réussi dans l’ensemble toutes leurs opérations de financement. On peut ainsi citer Total Energies, qui a annoncé la semaine dernière d’excellents résultats. Il s’est agi du record absolu de bénéfice net pour une société française avec plus de 20 milliards d’euros. Même LVMH était à 14 milliards l’an dernier. Hier Michelin a annoncé des ventes de 28,6 milliards d’euros en 2022, en hausse de 20,2% par rapport à l’exercice précédent avec un résultat opérationnel en hausse de 8.8% et un résultat net en hausse de 8.9%. Et de nombreux résultats sont attendus très prochainement avec enthousiasme.
Du côté de l’indice boursier CAC PME, moins connu, moins reluisant, qui avait perdu 35% en 2022, c’est moins réjouissant : l’indice gagne 3.5% depuis le 1er janvier, et ne rattrape que le dixième de ses pertes de l’an dernier. Et cet indice ne reflète que ce qui se passe du côté des PME cotées en bourse, qui ont donc accès à des sources complémentaires de financement par rapport aux sociétés non cotées. Car en effet, du côté des entreprises plus modestes que celles du CAC 40, la situation, plus proche de ce que vivent les français au quotidien, est plus compliquée. Il faut le dire, car on en parle assez peu : il y a en ce moment de nombreuses défaillances d’entreprise. Parce qu’avec l’inflation, la hausse des taux, des banques ne se montrent pas toujours complaisantes avec les PME, et le ralentissement de la croissance (voire la récession à venir, ou du moins la stagflation), a un impact certain sur ces sociétés. Ainsi, des sociétés que nous connaissons tous disparaissent du paysage. Citons ainsi Camaieu qui a été placée en liquidation judiciaire, ou Kookai qui vient d’être placée en redressement. Ce ne seront hélas pas les seules à être victimes des effets à retardement de la politique de création monétaire à outrance consécutive à la crise sanitaire.
Selon les chiffres d’Altares, sur 42 500 procédures ouvertes sur 2022, le nombre de défaillances accuse une hausse exceptionnelle de près de 50 % par rapport à 2021, un taux jamais observé auparavant.
Mais loin de cela, les résultats des grandes entreprises semblent florissants. A confirmer avec les résultats à venir, mais nous sommes de plus en plus dans une économie à deux vitesses où un fossé se creuse… Un fossé entre la bourse, du moins ce qui est le plus visible de la bourse, à savoir le CAC 40… et l’économie réelle composée d’un grand tissus de PME qui font vivre la majorité des français.