Les acteurs économiques, relayés par les médias, s’accordent à parler de crise à venir. Il est vrai qu’il y a aujourd’hui un terrible alignement des planètes qui laisse peu de doutes sur l’imminence d’une crise :
-Une inflation qui augmente de mois en mois et qui ne semble pas prête de s’arrêter, tandis que le PIB n’augmente plus et que nous sommes donc clairement en stagflation (voir article : HYPERINFLATION et STAGFLATION, les deux enfants terribles de l’inflation… – Youtrading FR)
-Une guerre à nos portes, donnant naissance à des pénuries ciblées (huile par exemple) renforçant l’inflation
-Des états endettés comme jamais suite aux politiques de « fermeture des économies » décrétées en 2020 et 2021, qu’il a fallu financer afin de limiter le nombre de faillites
-Des taux d’intérêt qui s’emballent, après plusieurs années de taux négatifs. Cela fera d’ailleurs l’objet d’un prochain article.
-Une charge de la dette qui va exploser du fait de la hausse des taux souverains.
Les trois seules questions que l’on peut se poser sont :
-Quand la crise débutera-t-elle vraiment?
-Quelle sera son ampleur?
-Que feront les pouvoirs publics pour la contenir alors qu’ils ont tout utilisé pendant la crise de 2008 et celle liée au COVID?
Nul ne peut répondre à ces questions, décemment aujourd’hui. Tout économiste avisé peut prévoir que la crise nous guette mais aucun ne peut dire quand elle démarrera exactement ni l’ampleur qu’elle prendra.
Aussi, pour le public non initié à toutes les définitions précises du répertoire économique, avec lequel les médias n’hésitent pas à jouer, il est bon de préciser ce que peut recouvrir exactement la notion de crise…
Sous le terme de crise, on peut en effet mettre plusieurs idées. Allant de tout à n’importe quoi. Une crise n’est pas qu’économique. Elle peut être politique, morale, sociétale… Et d’ailleurs une crise économique induit souvent une crise sociale via les mécanismes de paupérisation (La paupérisation en question – Youtrading FR) qui se renforcent, et une crise politique via la défiance vis-à-vis des gouvernants.
Sur le plan économique, le terme de crise est en fait surtout utilisé dans les médias. Il correspond à une notion économique précise qui est celle de récession. On dit qu’il y a récession lorsque la croissance du PIB est négative pendant au moins deux trimestres consécutifs. A fortiori lorsqu’elle est négative pendant un an. Si cette récession dure plus longtemps et qu’elle est profonde, on parle alors de dépression économique. a titre d’exemple, l’année 2009 a été en France une année de récession. La récession est en fait le strict inverse de la croissance. Elle signifie que le PIB (qui est lui-même la sommes des valeurs ajoutées produites dans l’économie) baisse au lieu d’augmenter. Tout simplement.
Les graphiques représentant l’évolution du taux de croissance du PIB dans le temps, comme celui qui suit, permettent de mettre en évidence les périodes de récession : ce sont celles où le PIB a un taux de croissance négatif. Et uniquement celles-ci, qui se produisent donc lorsque le taux de croissance du PIB est inférieur à 0.
Sur le graphique, on voit des périodes de récession en 1975 (choc pétrolier), en 1993, en 2009 et en 2020 mais en 2020 la récession a été provoquée par les états qui ont décidé de réduire la production globale des économies, ce qui a occasionné un très fort rebond du PIB en 2021. Il s’agit ici de données concernant la France.
Le reste du temps, le PIB ne baisse pas, mais on voit que sur le long terme, il a un taux de croissance de moins en moins élevé. Autrement dit, il croit de moins en moins vite. Ne pas confondre, donc, ralentissement de la croissance et récession. On peut facilement vous manipuler avec ces notions pour vous faire passer un discours politique par exemple. Certes, un ralentissement de croissance peut mener à une récession, mais heureusement cela n’arrive que rarement!
La récession s’accompagne très logiquement d’un sentiment d’inquiétude au niveau de la population : peur de perdre son emploi, de ne plus pouvoir faire face à ses besoins, ce qui amplifie la récession, car les gens sortent moins, achètent moins, voyagent moins… bref, consomment moins. Et les entreprises investissent moins elles aussi. Par peur de l’avenir. On peut dire en définitive qu’une crise est une récession accompagnée de ce sentiment négatif global qui se met alors à régner dans la conscience collective.
Les crises sont inévitables. Elles font partie des cycles économiques. De même qu’on ne fait pas d’omelette sans casser des œufs, il n’y a pas de croissance sans crises. Selon la théorie des cycles économiques, les crises arrivent de façon cyclique. Et aujourd’hui, si on excepte cette « crise provoquée » de 2020, il n’y a pas eu de « crise naturelle » depuis 2009. Celle d’avant datait de 1993. Bien sur, il n’y a pas de délai précis qui soit gravé dans le marbre entre deux crises. Mais aujourd’hui, si on se réfère à la crise de 2008/2009, on peut clairement considérer que nous sommes « dans le timing »…
La bourse, qui aime anticiper, a commencé à s’en inquiéter, car un indice comme le Nasdaq perd 30% sur le premier semestre 2022…