La Banque centrale d’un (ou de plusieurs) pays est une institution chargée par l’État (ou un ensemble d’États dans le cas d’une zone monétaire comme la zone Euro) de décider d’une politique monétaire et de l’appliquer. Il s’agit de la Banque Centrale Européenne (BCE) dans le cas de la zone Euro, et de la Réserve Fédérale (FED) aux Etats-Unis.
Dans le cadre de cette politique monétaire, la banque centrale fixe, entre autres attributions, un taux d’intérêt appelé « taux directeur » qui est le taux d’intérêt auquel elle va prêter de l’argent aux banques. C’est en fonction de ce taux directeur et de ses évolutions que les taux d’intérêt des banques vis-à-vis de leurs clients vont augmenter ou diminuer. Ainsi, si les taux d’intérêt pratiqués dans l’économie sont actuellement très bas c’est parce que la banque centrale européenne a un taux directeur à 0 %, ce qui signifie qu’elle prête de l’argent gratuitement aux banques.
Ce taux directeur n’a fait que baisser depuis la crise de 2008, avant de se stabiliser. Le taux de 0 % concerne les opérations principales de refinancement. Le taux de 0 % est en fait le taux de facilité de crédit (le taux auquel la BCE prête aux banques). Mais le taux de dépôt est de -0,5 % ! C’est le taux d’intérêt fixé par la banque centrale auquel sont rémunérés les dépôts que placent les banques et autres établissements financiers auprès de la banque centrale. Ce qui signifie qu’une banque qui dépose de l’argent à la BCE devra payer 0.5% au lieu d’être rémunérée.
Les banquiers peuvent donc emprunter de l’argent auprès de la banque centrale, mais peuvent aussi se prêter de l’argent entre eux à court terme, a un taux d’intérêt qui est fixé sur le marché monétaire et qui en France s’appelle l’EURIBOR.
Et cet EURIBOR est lui aussi négatif depuis maintenant 5 ans. Autrement dit, une banque qui emprunte de l’argent à une autre banque sera rémunérée pour le faire ! C’est le cas depuis plusieurs années désormais car historiquement, ce taux a bien sûr toujours été positif. Ces baisses de taux ont largement permis, entre autres, à l’économie européenne de ne pas s’effondrer.
Le graphique suivant montre que c’est depuis le début de l’année 2016 que l’EURIBOR 1 AN (taux du prêt interbancaire à un an) est devenu négatif.
Depuis le moment où l’EURIBOR est passé en terrain négatif, il n’est JAMAIS repassé positif. Voilà pourquoi les taux d’intérêt des crédits immobiliers octroyés aux particuliers sont si bas. L’argent que la banque vous prête, la plupart du temps ne lui coûte rien ! Voire parfois lui rapporte !
C’est aussi cela qui entretient la hausse des prix du marché immobilier, surtout à Paris où les 11.000 euros du mètre carré sont désormais la norme, tandis que la crise du COVID, et les confinements successifs ont fait augmenté de façon très forte les prix en province et en grande banlieue.
Cette situation de taux négatifs qui a démarré depuis bientôt 6 ans a contaminé aussi le marché obligataire !
Du jamais vu dans l’histoire… Le taux de l’OAT France 10 ans est passé lui aussi en territoire négatif depuis juin 2019 mais là, ce n’est pas aussi net, et le taux des OAT 10 ans, qui dépend aussi de l’inflation, fluctue finalement autour de zéro, passant tantôt en territoire positif et tantôt en territoire négatif. Il reste néanmoins très faible, ce qui veut dire que les obligations françaises sont largement demandées sur le marché obligataire. Pourtant la France n’est pas un pays à la croissance remarquable, ni à l’économie flamboyante, mais c’est un pays qui rassure les marchés financiers.
La tendance de ces taux est néanmoins haussière depuis un an environ et on remarque qu’ils passent de moins en moins de semaines consécutives en territoire négatif. Cela est largement dû aux pressions inflationnistes que l’on observe un peu partout à travers le monde. Et les choses pourraient donc prochainement changer sur les taux souverains… Une affaire à suivre!