Que l’on a entendu parler de la Banque Centrale Européenne la semaine passée… En effet, la BCE a frappé fort, et cela soi-disant par surprise. Elle a augmenté ses taux de dépôt de 0.75 point, à 0.75% désormais. Un taux qui avait déjà été relevé à 0% en juillet, alors qu’il était négatif jusque-là. Quant au taux de refinancement, il est déjà passé à 1.25% depuis juillet. Rappelons que La banque centrale fixe un taux d’intérêt appelé « taux directeur » qui est le taux d’intérêt auquel elle va prêter de l’argent aux banques. Il se décompose en réalité en daux taux qui sont le taux de dépôt et le taux de refinancement. Le premier est le taux auquel sont rémunérés les dépôts que placent les banques et autres établissements financiers auprès de la banque centrale. Le deuxième est le taux auquel la Banque Centrale prête aux banques commerciales. Il y a aussi un troisième qui est le taux d’escompte. C’est en fonction de ces taux directeurs et de leurs évolutions que les taux d’intérêt des banques vis-à-vis de leurs clients vont augmenter ou diminuer. Ainsi, si les taux d’intérêt pratiqués dans l’économie sont longtemps restés très bas, voire négatifs, c’est parce que la banque centrale européenne avait des taux directeurs eux-mêmes négatifs, ce qui signifie qu’elle prêtait de l’argent non seulement gratuitement aux banques mais qu’en plus elle les rémunérait pour emprunter! Une situation qui ne pouvait pas durer éternellement et que l’inflation fait voler en éclats.
La surprise est donc très relative, car il était évident, et nous l’annoncions depuis longtemps, qu’une situation de taux négatifs est en soi aberrante et ne pouvait pas durer. D’ailleurs, dans un précédent article du 10 juin sur YouTrading, tout cela avait été anticipé : Les taux d’intérêt flambent, et ce n’est pas fini! – Youtrading FR
En clair : l’argent facile, l’argent gratuit, c’est fini.
En soi, un taux de dépôt à 0.5% et un taux de refinancement à 1.25% cela n’a rien d’aberrant. C’est juste que ces dernières années, nous nous étions habitués à des taux négatifs, mais l’histoire ne se résume pas à quelques années! On a connu des taux directeurs à plus de 4% avant la crise de 2008.
Ce qui marque c’est l’ampleur du mouvement, c’est le fait que nous n’y sommes plus habitués et surtout l’effet de surprise, même si Madame Lagarde avait prévu en juin.
Les taux qui sont fixés sur le marché sont évidemment influencés par les taux administrés qui sont ceux de la BCE.
Ainsi depuis la semaine dernière, les taux souverains remontent. Le taux de l’OAT France 10 ans est de 2.2% actuellement. Rappelons qu’il avait frôlé les 2.4% en juin, au moment des propos de Madame Lagarde. A croire que le marché n’y croyait plus au cours de l’été, vu qu’il avait baissé à 1.3% environ. Ainsi, la France, déjà très endettée, ne va plus emprunter gratuitement comme cela a longtemps été le cas, mais va emprunter à plus de 2%.
L’EURIBOR (qui est le taux auquel les banques se prêtent de l’argent entre elles) remonte lui aussi, et frôle les 2%. Rappelons qu’il est resté négatif entre 2015 et 2022.On ne l’avait pas vu autour des 2% depuis 2011. Mais auparavant, comme on peut le voir sur le graphique, il avait été bien plus élevé (record à 5.53% en 2008).
Tout cela a pour but de réduire l’inflation. En effet, ces flambées de taux vont assécher la masse monétaire en circulation et rendre la monnaie plus rare, donc participer à son renchérissement face au prix des biens et services.
Cela a aussi pour but de combattre la faiblesse de l’Euro, mais depuis quelques jours, on ne peut pas parler de flambée de la devise européenne. Rappelons que cette faiblesse de l’Euro a sauvé l’économie européenne de la récession cet été, grâce à un afflux de touristes qui ont pu profiter d’un Euro faible. Actuellement, l’Euro reste juste à la parité avec le Dollar et à peine à la parité avec le Franc Suisse.
Le spectre de la récession, que l’on guette, devrait lui aussi se rapprocher. Mais surtout, la BCE se laisse l’arme de la baisse des taux pour lutter contre la récession quand elle sera là. Et cela n’est pas négligeable. Car cette arme, elle ne n’avait plus en sa possession!