Après la crise, la reprise. C’est classique. Sauf que cette crise a été très particulière. Une crise économique, certes, mais induite par une crise sanitaire et par une volonté concertée des pouvoirs publics de bloquer l’économie pour éviter que le COVID ne soit la nouvelle grippe espagnole.
Sur le plan sanitaire, cela a fonctionné c’est un fait, avec un nombre de morts à l’échelle du monde circonscrit à quelques millions quand la grippe espagnole, un siècle plus tôt, avait fait 10 fois plus de morts sur une population mondiale quatre fois moins nombreuse. Donc 40 fois plus de morts en termes relatifs.
Le prix que le monde a payé, ce sont des faillites en masse, un peu partout, même si pour le moment elles sont relativement circonscrites en France. Circonscrites en raison du « quoi qu’il en coûte ». Et ce qu’il en a couté, donc le « quoi » en question c’est une hausse sans précédent de l’endettement national, avec un PIB en forte contraction (-8.3% sur la France, -6.8% en Zone Euro, dans les -6% au niveau mondial). Aujourd’hui, la dette française, qui flirtait avec les 100% du PIB depuis quelques années, dépasse les 120%. Malgré cela, les taux obligataires demeurent autour de 0% sur les OAT à 10 ans en France. Mais pour combien de temps encore ?
La politique de la BCE n’a pas créé de valeur, elle a créé de la monnaie. Ex nihilo. C’est son pouvoir. Elle l’a utilisé.
La crise économique a été particulière en ce sens que ce qui a été perdu par certains acteurs de l’économie a été gagné, récupéré par d’autres. Car, contrairement à ce qui fut il y a 30 ou 40 ans, aujourd’hui on peut faire presque tout sans bouger de chez soi. La magie d’internet. Les gagnants de la crise ont été les acteurs du net.
Les grands c’est sûr. Jamais les GAFAM n’ont été aussi florissants ; au point qu’Amazon vient de s’acheter la Metro Goldwyn Mayers.
Mais les petits aussi. Du moins ceux qui ont su s’adapter à cette crise, et investir la manne qu’elle leur a apporté. En croissance interne ou en croissance externe.
Aujourd’hui, du fait de la vaccination qui avance, ces mêmes pouvoirs publics qui ont freiné la progression de l’économie, veulent la pousser vers la reprise.
Mais qui la reprise va-t-elle concerner ?
Evidemment nul ne peut savoir, nul ne peut prévoir avec exactitude.
Beaucoup de compagnies aériennes sont presque au tapis mais pour autant le secteur ne va pas disparaitre, il va se concentrer et quelques gagnants vont émerger. Pareil sur le tourisme au sens plus large (hôtellerie, restauration, agences de voyages). Certes le monde d’après ne sera pas identique au monde d’avant, mais les habitudes ont la peau dure. Aussi bien les habitudes prises pendant la crise que les habitudes d’avant, qui entreront parfois en contradiction. Même si les verts les plus verts nous disent que ce n’est pas bien d’aller au bout du monde car cela pollue, c’est quelque part inscrit dans les gènes humains de vouloir découvrir. Donc, une reprise est à envisager sur le grand secteur du tourisme.
Alors que les hôpitaux sont saturés depuis plus d’un an par le COVID, que la médecine de ville est envahie par les patients qui craignent d’être positifs, la radiologie et tous ses satellites va reprendre, et je dirais même de plus belle car cette crise aura mis plus que toute autre, la santé au cœur des préoccupations individuelles et collectives.
Les centres commerciaux vont muter, ils avaient déjà opéré leur mutation vers plus de centres à ciel ouvert. Mais d’un coup, les centres fermés ne vont pas être rasés. Ils vont rouvrir et les commerces ayant disparu seront progressivement remplacés par d’autres, qui nourriront les foncières qui en sont propriétaires. Attention cependant à la hausse des taux pour ces dernières !
Toutes les tendances immédiatement post-COVID (achat de maisons individuelles, intérêt pour le jardinage, etc) vont se poursuivre à court terme mais pas forcément à long terme en revanche. Les mouvements de la ville vers la campagne puis de la campagne vers la ville sont cycliques. Aujourd’hui on migre de la ville vers la campagne mais quand les enfants auront grandi, quand tout cela sera oublié, ce sera à nouveau l’inverse…