Tandis que la hausse des actions ralentit, que l’or se stabilise et que les taux souverains ont rechuté, les perspectives de fin de reprise économique se précisent. La réunion des banquiers centraux à Jackson Hole, et le discours attendu du Président de la banque centrale américaine, ne semblent pas brusquer les marchés dans l’immédiat. Jérôme Powell a notamment précisé que « il serait approprié de commencer à réduire le rythme des achats d’actifs cette année ». La situation pourrait néanmoins évoluer sur le plan macroéconomique.
Soutien monétaire sur les marchés.
Réaction au Jackson Hole.
L’once d’or a fortement rebondi depuis que les rumeurs de diminution des soutiens des banquiers centraux aux marchés se sont répandues. Le prix de l’or a ainsi augmenté de près de 2% depuis le début de la réunion de Jackson Hole ce jeudi, ce qui conforte l’idée d’un retour de l’or sur la scène financière depuis son décrochage de fin juillet. Les actions semblent quant à elles rester dans leur ligne de tendance, ayant déjà plus ou moins déjà anticipé le discours des banques centrales.
De leur côté les obligations perdent du terrain et les taux souverains se détendent tandis que Jérôme Powell a annoncé que « le moment et le rythme de la réduction à venir des achats d’actifs ne seront pas destinés à transmettre un signal direct concernant le moment du décollage des taux d’intérêt, pour lequel nous avons articulé un test différent et nettement plus strict ». Autrement dit, la hausse des taux ne devrait pas s’enclencher avant quelques longs trimestres.
Les marchés boursiers en voie de normalisation.
La quasi-totalité de la hausse des derniers trimestres s’explique par la hausse de la masse monétaire disponible. Par ailleurs, la banque centrale américaine pratique depuis avril 2021 une politique mesurée de restriction sur les liquidités injectées, ce qui a en outre eu pour conséquence le ralentissement de la hausse des marchés, et la chute d’actifs comme les cryptomonnaies [voir notre précédente publication].
En effet, depuis le début de la crise COVID, le S&P 500 progresse par exemple en moyenne de 0,4% par semaine, soit 1,6% par mois environ. Le dernier grand creux de performances fut en mai 2021, ce qui laisse présager un nouveau risque statistique léger en septembre/octobre 2021. Le graphique ci-dessous reprend la performance hebdomadaire du S&P500 depuis 2018. On notera l’affaiblissement moyen de ces performances ces derniers trimestres. Le risque majeur serait de passer en performance moyenne sous 0%, c’est-à-dire en phase corrective mesurée de quelques semaines/mois.
Depuis juillet, les performances hebdomadaires sont sensiblement au-dessus de la moyenne (0,7% de performance en moyenne sur les 4 dernières semaines). C’est ce phénomène statistique qui explique le fait que les marchés progressent depuis plusieurs mois sans soutien monétaire aussi puissant qu’auparavant. Un fort ralentissement des performances haussières permettrait aux marchés de retrouver de la flexibilité pour les prochaines années.
Le problème de cette crise : d’être trop rapide.
La crise du COVID et le rebond rapide des marchés et de l’économie a enclenché des dynamiques encore jamais observées au paravent. En effet, le risque d’un prochain ralentissement économique est globalement plus proche que la normale, et se situe en moyenne dans la seconde partie de cette décennie. En effet, bien que la cible d’inflation « temporaire » de la FED se situe autour de 2%, le retour rapide au plein emploi impliquerait, avec d’importants déficits publics, un risque d’inflation structurelle sensiblement plus important.
La question du chômage.
Pour l’instant, les indicateurs macroéconomiques demeurent relativement très bons malgré le risque sanitaire que font peser les gouvernements sur l’économie. Le taux de chômage est de 5,4% pour les États-Unis (niveau de 2015 pour les États-Unis) et 7,7% pour la zone euro (niveau de 2018 pour la zone euro). L’impact de la crise sur le chômage est comparativement plus fort aux États-Unis qu’en Europe. Cependant, les États-Unis sont plus flexibles et le retour au plein emploi sera plus aisé.
La question du chômage est très regardée par la FED, qui précise que la hausse des taux directeurs ne devrait pas être attendue avant le retour dans une zone proche du plein emploi. D’un autre côté, nous avons assisté ces derniers mois à une des plus fortes hausses des profits d’entreprises enregistrée aux États-Unis. Cette hausse des profits est très sensible à l’expansion du crédit. Un resserrement du crédit par les banques centrales augmenterait les risques de correction sur les marchés boursiers.
En bref.
En clair, les marchés semblent se positionner avant la rentrée. L’évolution récente des marchés d’un point de vue statistique et monétaire semble montrer des besoins de consolidation encore mesurés. Le retour puissant de l’or dans son canal haussier conforte l’idée d’un retour relatif du risque sur les marchés, bien que ce risque soit relativement limité tant que l’économie n’est pas complètement à plein régime.