Après nous être penchés sur Michelin (Michelin : un symbole de la France – Youtrading FR) et sur LVMH (Bernard Arnault : homme le plus riche du monde devant Elon Musk, la fierté de la France! – Youtrading FR), nous allons à présent traiter d’Accor, alors que son co-fondateur Gérard Pélisson, à qui nous rendons hommage dans cet article, vient de nous quitter (le 6 mars 2023, à 91 ans).
Contexte économique et capitalistique
C’étaient les trente glorieuses, l’économie française renaissait de la guerre, la consommation de masse se développait, les gens changeaient leurs modes de vie, et, dans l’hôtellerie et la restauration, des établissements d’un nouveau genre émergeaient. La France commençait à s’inspirer des États-Unis. La culture de l’oncle Sam s’importait en France. Le premier Mac Do a ouvert ses portes sur le sol hexagonal en 1972, cela fait tout juste un demi-siècle. Si longtemps et si peu de temps à la fois… La standardisation des produits, le taylorisme consumériste commençait à changer les comportements des consommateurs poussant la porte d’un hôtel ou d’un restaurant.
Au niveau hôtelier, Holiday Inn était le modèle de référence.
Et c’est en voulant exporter ce type de modèle que Paul Dubrule, rejoint rapidement par Gérard Pélisson, ont lancé le concept Novotel, piétinant au départ, mais explosant assez rapidement. La chaine Accor était née comme cela a été relaté plus haut. L’empire Accor a été construit par croissance interne puis externe, judicieusement menées.
Les fonds ont été trouvés, le modèle a explosé, et s’est exporté. Accor est une des plus belles réussites françaises contemporaines, dans la mesure où Paul Dubrule s’est inspiré d’un modèle américain, pour le franciser. Puis, lui et son acolyte ont eu l’intelligence de l’exporter. Et en faire un groupe international. On importe le concept, on le réinvente à la française puis on l’exporte… Judicieux. Et réussi !
Rapidement coté en bourse, le groupe Accor a été très rarement déficitaire, a su s’adapter aux mutations du monde économique, répondre aux nouveaux challenges, se réinventer en permanence et toujours bénéficié des faveurs des investisseurs.
Accor s’est diversifié dans les services à partir de 1983 en rachetant le concept de Tickets Restaurants, lancé en 1967. Cette entité est devenue Accor Services en 1988 et Edenred en 2010, lors d’une scission du groupe Accor, pour le plus grand bonheur de ses actionnaires…
Bourse et finances
Le groupe Accor pesait en bourse dans les 7 milliards d’euros en 2010, soit autant qu’aujourd’hui. Mais à l’époque, cela incluait Accor Services, devenu Edenred par un processus de scission et de distribution d’actions gratuites aux actionnaires. Edenred a effectué un parcours boursier impressionnant depuis, valant aujourd’hui quasiment plus cher qu’Accor puisque le groupe de services aux entreprises capitalise plus de 13 milliards. Voilà en quoi les actionnaires d’Accor ont été gâtés. Une action Accor valait 40 € environ avant la scission. Aujourd’hui, elle vaut moins de 30 € tandis que l’action Edenred vaut plus de 50 €. Ainsi, l’actionnaire d’Accor en 2010, qui a reçu gratuitement une action Edenred par action Accor détenue se retrouve aujourd’hui (s’il n’a rien vendu) avec une action Accor à 30 € environ et une action Edenred à 50 € environ. Soit 80 €. Soit un gain de 100%, auquel on doit ajouter les dividendes à la fois d’Accor et d’Edenred. Soit en moyenne près de 2 € par an.
Il y a 20 ans, le titre Accor valait dans les 30 € également. Donc, sur 20 ans, c’est seulement le gain réalisé grâce à la scission d’Edenred qui aura fait l’intérêt du placement pour un actionnaire. Plus les dividendes, bien entendu.
Aussi étonnant que cela puisse paraitre, comme vous venez de le constater, l’actionnaire d’Accor à 10 ans aurait fait le même gain que l’actionnaire à 20 ans (ce dernier aurait bénéficié cependant de quelques dividendes en plus).
Cela s’explique en fait par la cyclicité boursière du titre Accor. En effet, le titre est monté à près de 50 € en 2015, a baissé à 30 € en 2016, il est remonté à plus de 45 € en 2018 puis a baissé avec la pandémie de 2020.
Sur le long terme, la création de valeur pour l’actionnaire est faible en définitive, surtout depuis le détachement d’Edenred, une société avec laquelle Accor n’a plus de relation capitalistique aujourd’hui.
En définitive Accor n’apparait pas comme un titre stable sur le long terme. C’est un titre qui monte en période de croissance et de stabilité économique, politique, financière et qui baisse fortement lors de crises. Car ces périodes sont des périodes où les gens se déplacent moins, qu’il s’agisse de déplacements professionnels ou personnels.
Le titre a fluctué, depuis 2010, entre 18 et 48 €. En fait, plus le marché anticipe une baisse des déplacements touristiques, plus il se porte mal. Plus le marché anticipe au contraire, des déplacements touristiques importants, plus le titre monte. Logique.
Accor apparait donc comme une valeur cyclique, donc une valeur de trading plutôt qu’un titre à conserver sur le très long terme et à transmettre à ses enfants.
C’est en définitive une action à acheter en période vaches maigres et à vendre en période de vaches grasses.