En fin d’année 2021, des fortunes se construisaient autour du WEB 3.0 dit d’ailleurs WEB 3. Cette évolution majeure d’internet faisant la part belle aux mondes virtuels, dits Metavers. Un monde où l’on achète des NFT, jetons de propriété d’oeuvres d’art, grâce aux crypto-monnaies.
Voici ainsi résumée la trilogie faisait rêver les investisseurs : metavers, NFT, cryptos.
La réalité du monde réel rattrape l’humanité avec la guerre. Et ce monde futur n’est plus dans les préoccupations. Du moins pas dans les préoccupations immédiates. Ses valorisations s’effondrent. Même si le Bitcoin ne perd « que » 34% depuis le 1er janvier et l’Ethereum ne perd « que » 43%. Nous ne sommes pas sur des baisses de 95%… Mais sur des baisses tout de même significatives. Voici le graphique montrant l’évolution de l’emblématique Bitcoin qui est un peu aux cryptomonnaies ce qu’est le Dow Jones aux indices boursiers.
Avec l’inflation, la paupérisation qui menace du fait de la baisse du pouvoir d’achat, avec les perspectives erratiques d’une troisième guerre mondiale qui ne se passerait pas dans le monde virtuel mais dans le monde réel, les préoccupations deviennent plus matérialistes et donc les investissements plus défensifs. L’argent fuit cet univers d’autant plus que beaucoup de gens, beaucoup de fonds ont construit de vraies fortunes sur ces modèles et qu’il y a des bénéfices à prendre, d’autant plus que la liquidité, à l’échelle de l’économie mondiale est loin d’être élevée. En effet, rappelons ici quelques ordres de grandeur. La capitalisation cumulée de toutes les cryptomonnaies est de l’ordre de 2000 milliards de dollars. C’est à peine le PIB de la France et c’est tout juste celle du CAC 40. Mais c’est surtout incomparablement moins que la masse monétaire mondiale, c’est-à-dire la somme cumulée de la valeur de toutes les monnaies mondiales en circulation. En effet, cette dernière est d’environ 150% du PIB mondial, elle a d’ailleurs fortement crû avec la crise sanitaire puisque les banques centrales n’ont cessé de créer de la monnaie. Cela la porte à près de 140.000 milliards de dollars. La force des cryptomonnaies était précisément la relative étroitesse de leur marché. Cela permet des hausses spectaculaires quand tout le monde s’en porte acquéreur en même temps. Mais le revers de la médaille c’est que les ventes simultanées font plus mal puisque précisément, le choc est plus dur à absorber.
Donc, cette fuite est normale, et cet effondrement a déjà été observé dans le passé. Tout cet univers est pour le moment très spéculatif.
Mais l’avenir est en marche, il se construira dans ces mondes virtuels. Mais certainement pas aussi vite qu’on a pu le penser.
Aussi, cela n’est pas sans faire penser à l’explosion de la bulle internet en 2000. Aujourd’hui on sait, 20 ans après, que tout transite par internet. Ce sera pareil dans 20 ans ou peut-être 30 car un monde virtuel est bien plus compliqué à bâtir qu’un site internet. Et que les humains mettront plus de temps à y aller en masse. En fait, c’est sur le monde de 2050 que les sociétés positionnées sur ces thématiques parient. Nous n’y sommes pas même si, on le sait, la bourse, et les investisseurs en général, aiment à anticiper les choses à l’avance. Le monde financier de 2000 tablait sur le monde de 2020 que nous vivons, dans lequel les GAFAM sont rois alors qu’ils étaient soit à l’état de start-up soit à l’état de projets soit à l’état de rien en 2000. Le monde financier de 2020 table sur le monde de 2050 qui mettra du temps à se construire… Donc, il semble évident que toute cette spéculation reprendra. Mais que le contexte actuel n’est pas le plus propice. La crise économique n’est pas encore là, mais si elle arrive, elle permettra, comme toute crise, de favoriser l’innovation à sa sortie.
Car il y a un temps pour tout. Un temps pour rêver à demain, et un temps pour vivre le présent. Et là, nous sommes passés dans un temps où le présent est roi. Où les gens vident les supermarchés de leurs bouteilles d’huile pour assurer les arrières. Mais ce monde de demain existera. Avec ou sans NFT (la partie la plus spéculative, qui attend que des artistes mondialement connus et réputés investissent cet univers), mais pas sans cryptos.