Nous avons couvert de nombreuses analyses sur l’évolution récente du marché. La hausse des taux, le maintien de l’inflation, le recul de la consommation et la stagnation du PIB sont autant de signaux négatifs. Mais de l’autre côté, les résultats des entreprises se maintiennent tant bien que mal et les indices parviennent à rester calmes. Une « grande stagnation » semble se dessiner sur les indices, elle est par ailleurs typique des périodes inflationnistes. Ainsi, le Dow Jones n’a pas retrouvé son niveau de… janvier 2022.
Décryptage des éléments fondamentaux, statistiques et techniques, qui devraient converger pour envisager un changement de paradigme de la part du marché.
1 – Un arrêt de la réduction du bilan des banques centrales
La liquidité est le nerf de la guerre. Et le bilan des banques centrales y est assurément pour beaucoup. En comparant la bourse américaine, le Dow Jones, avec le bilan de la FED, on remarque une excellente corrélation à long terme. En outre, une divergence entre les deux indices peut être de nature à se terminer par un « krach ». Dès lors, il est important de comparer le marché des actions avec « ses ressources monétaires », c’est-à-dire la possibilité du marché à grimper dans la proportion des données monétaires.
Tant que le bilan des banques centrales se réduit ou qu’il stagne, on ne peut pas envisager de forte reprise haussière d’un point de vue monétaire. Par conséquent, la volonté des banques centrales de relever les taux nous indique encore la persistance de pressions baissières. Comme le bilan des banques centrales ne peut pas « trop » se réduire en raison des risques systémiques, il semble donc normal d’assister à un phénomène de stagnation des marchés boursiers.
2 – Un retour de la force acheteuse du marché
Assez bêtement, un autre élément majeur qui annulerait les pressions baissières serait le retour des acheteurs. En effet, on observe deux éléments concordants : d’une part, la faiblesse globale des volumes sur de nombreux indices, et d’autre part, l’absence de variations haussières (de force acheteuse) suffisante.
Le graphique ci-dessus est relatif au CAC 40. La courbe rouge montre les variations cumulées du CAC 40. Un passage sous la ligne 0 traduit des variations baissières plus fortes que les variations haussières. Il s’agit généralement d’un signal négatif important sur le marché en cas de passage sous la ligne 0. Le seul moment où la force acheteuse a repris le dessus fut fin 2022, mais une divergence avec la hausse du cours du CAC 40 est rapidement apparue. Le mouvement haussier observé jusqu’au printemps est donc en voie de temporisation.
3 – Une diminution de la volatilité mensuelle ou une augmentation de la volatilité journalière
La volatilité des indices est extraordinairement faible. Ceci peut être un bon signal dans la mesure où les indices sont plutôt stagnant. Mais en général, des points bas de volatilité augmentent la probabilité de baisse des indices à terme. Malgré tout, on remarque d’un point de vue statistique qu’une diminution de la volatilité mensuelle, et / ou une augmentation de la volatilité journalière, serait de nature à enclencher un mouvement hauss
Le graphique ci-dessus montre le Dow Jones en noir, et en rouge le coefficient de Hurst associé. Sans entrer dans le détail, un coefficient de Hurst en forte diminution dans les prochains mois est un facteur de risque baissier supplémentaire.
4 – Une sortie du canal et de la stagnation
Plus simplement sur le plan technique, un signal positif serait donnée par la sortie du canal (« des canaux » sur les indices). Dans le cas des indices américains, ces derniers n’ont pas réussi à revenir sur leur record historique. De même, les indices européens peinent à franchir durablement les sommets majeurs. Dans ce cas figure, il est évident que la probabilité de rester sous les précédents sommets est plus forte. Éléments baissiers et éléments haussiers se combinent et génèrent cette stagnation.
En effet, certains éléments sont plutôt haussiers, comme la cyclicité des performances des indices. De même, l’inflation serait plutôt de nature à augmenter, en tous cas immédiatement, les performances boursières. Mais il est aussi courant d’observer à long terme une grande stagnation des indices durant les périodes inflationnistes.
En définitive, il faudrait une politique monétaire enfin stabilisée (d’ici la fin 2023 éventuellement ?), un retour des volumes et de la force acheteuse, et un retour de mouvements plus amples à court terme. Ces éléments permettant éventuellement la cassure de la stagnation observée depuis bientôt 18 mois pour véritablement assister à l’entrée dans une dynamique plus haussière.
Mais ces éléments sont loin de converger pour l’heure et la dégradation de la conjoncture économique pourrait suivre la stabilisation des taux. En effet, si l’économie reste résiliente, le risque récessif à long terme pourrait toutefois intervenir lorsque l’effet des taux sur l’économie réelle se manifestera et que le coût du crédit pour les entreprises, les ménages et les gouvernements, n’assurera plus de marge de manœuvre…