La Nation arc-en-ciel accueillera, du 22 au 24 août 2023, le 15e Sommet des BRICS au Sandton Convention Centre à Johannesburg en Afrique du Sud, sous le thème “BRICS et l’Afrique : partenariat pour une croissance mutuellement accélérée, un développement durable et un multilatéralisme inclusif”. Ainsi, l’alliance des BRICS est sur le point de s’élargir avec l’arrivée de nouveaux membres. Le ministre chinois des Affaires étrangères, Qin Gang, a annoncé début mai 2022 le début du processus d’élargissement du groupe BRICS. Les candidats ne se sont pas fait attendre.Africains, certes, mais pas que… De nombreux pays ont officiellement demandé à rejoindre cette alliance économique majeure sur la scène internationale. Les BRICS deviendront, en cas d’élargissement, une puissance politique et donc économique incontournable qui risquerait de modifier profondément l’équilibre mondial. Décryptage…
Au total, 19 pays ont manifesté leur intérêt pour rejoindre ce groupe de pays émergents. L’Arabie saoudite, les Émirats Arabes Unis, l’Algérie, l’Égypte, le Bahreïn et l’Iran ont officiellement exprimé leur intérêt à rejoindre les BRICS, qui se préparent à leur sommet annuel lors de cet été. Mais, il est aussi prévu que l’alliance s’élargisse avec l’arrivée de plusieurs pays africains.
Composé, actuellement, du Brésil, de la Russie, de l’Inde, de la Chine et de l’Afrique du Sud, les BRICS sont considérés comme les grandes puissances émergentes actuelles, contribuant à hauteur de 31,5% du produit intérieur brut (PIB) mondial en 2023, contre 30,7% pour le G7. Eh oui, ils ont dépassé le fameux G7. La population globale des BRICS est estimée à environ 3,2 milliards d’habitants, bien au-dessus de notre malheureux 1,1 milliard d’habitants. C’est officiel: les BRICS sont la première puissance mondiale d’aujourd’hui et de demain. Et ils ont bien l’intention de le faire savoir au monde entier. Nous sommes bien loin de pays dits “émergents”.
Anil Sookal, l’ambassadeur sud-africain auprès des BRICS, a confirmé lors d’une interview le 24 avril 2023 que 13 pays avaient officiellement déposé des demandes d’adhésion au groupe d’économies émergentes. « Plus d’une douzaine de pays ont frappé à la porte du groupe BRICS. Nous en sommes à un stade avancé de l’examen de l’adhésion de nouveaux membres ». Le diplomate avait déjà souligné que cette expansion de l’organisation serait un sujet central lors du prochain sommet des BRICS.
Alors que l’Occident souhaite, évidemment, que les grands pays en développement prennent leurs distances vis-à-vis de la Russie (et que les BRICS deviennent les BICS), Moscou voit clairement la situation d’un point de vue totalement différent, et est très actif dans l’avènement de cette nouvelle force économique. M. Lavrov a indiqué que l’Algérie, l’Argentine et l’Iran avaient tous présenté leur candidature, et il avait déjà reconnu que l’Arabie saoudite, la Turquie, l’Égypte et l’Afghanistan étaient intéressés. Candidats sans véritable problématique avec le cas ukainien soit dit en passant.
Selon Silk Road Briefing (une sorte de média du projet “Route de la Soie”), d’autres candidats potentiels pour rejoindre le groupe sont le Kazakhstan, le Nicaragua, le Nigéria, le Sénégal, la Thaïlande et les Émirats arabes unis. Tous ces pays ont eu leurs ministres des Finances présents lors de la conférence de dialogue élargi des BRICS en mai 2022. Un intérêt mutuel qui ne trompera personne.
Pour le moment, seuls quelques pays africains qui souhaitent rejoindre les BRICS ont été révélés, notamment l’Algérie, l’Égypte, le Nigeria (déjà membre du BRICS-MNA), le Soudan et le Zimbabwe. L’élargissement vise à renforcer l’importance de cette alliance économique sur la scène internationale. L’Iran a rejoint l’Organisation de Coopération de Shanghai le 4 juillet dernier en tant que membre à part entière et a clairement opté pour le camp adversaire à l’occident… Sans surprise, me direz-vous. Mais, d’un autre côté, ces derniers jours, il semble que l’Algérie fasse volte-face.
Des pressions occidentales porteraient-elles leurs fruits? Possible. Mais l’auto-invitation au sommet des BRICS que s’est permis de déclarer le président français Emmanuel MACRON, il y a quelques jours, a eu le mérite de replacer l’église au milieu du village (expression bien mal à propos, oui je vous le concède). Hors de question d’avoir des occidentaux à la table sud-africaine. HORS DE QUESTION!!! Surtout quand on sait que OBAMA avait déjà réalisé ce coup de force il y a quelques années sans aucune invitation. Là, il faut bien l’admettre. Rien n’arrêtera les membres de cette organisation encore balbutiante vu ce manque de respect et ce comportement impérialiste totalement insupportable. Même pour nous, finalement.
Du côté économique, le 5 majeur actuel des BRICS n’a pas attendu pour prendre des initiatives très remarquées. En 2014, les BRICS ont créé leur propre banque de développement afin de remettre en question le système financier mondial actuel établi après la Seconde Guerre mondiale qui a créé un système dollarisé et hégémonique. Ce géant économique cherche donc, depuis plusieurs années, à obtenir un rôle plus important dans les organes de gouvernance mondiale et à promouvoir un ordre multipolaire. Malgré un poids économique supérieur au 7 fantastiques (qui le sont un peu moins finalement), le groupe “rebelle” ne dispose que de 15% des droits de vote à la Banque mondiale et au Fonds Monétaire International. Ce n’est plus acceptable, et on peut tout de même le comprendre si l’on fait abstraction de notre parti pris naturel.
Mais, déjà, l’arrivée potentielle de nouveaux membres, suite aux demandes en cours, pourrait remodeler le paysage économique des BRICS et changer profondément la dynamique du groupe. Ainsi, l’idée d’un « BRICS+ » suscite des inquiétudes parmi les pays actuellement membres quant à une possible dilution de leur influence, notamment en ce qui concerne les alliés de la Chine. L’Empire du milieu, avec un PIB deux fois supérieur à celui des quatre autres pays des BRICS réunis, soulève la question de la domination évidente de Pékin au sein du groupe. Et vous pouvez compter sur les occidentaux pour le rappeler aux prétendants. N’y a t’il pas un risque de quitter le joug américain pour un autre beaucoup moins… clair? Certains se poseront la question sans nul doute.
Ainsi, l’élargissement potentiel des BRICS suscite des attentes quant à son impact sur l’économie mondiale et la dynamique du groupe. Alors que les demandes d’adhésion de plusieurs pays, notamment d’Afrique et du Moyen-Orient, sont en cours d’examen, les BRICS cherchent à renforcer leur position en créant leurs propres organes de gouvernance mondiale. Cependant, cette expansion soulève également des préoccupations quant à une possible dilution de l’influence des membres actuels et à une domination accrue de la Chine au sein du groupe. Il est toutefois naturel de voir les BRICS monter leur mur face à l’occident, brique après brique (Oui, elle était facile.). Mur fragile quand on y réfléchit bien tant les tensions à venir existeront. Est-ce une bonne raison pour voir le projet tomber à l’eau? Certainement pas… Certains l’avaient déjà fait il y a maintenant quelques décennies: ça s’appelle l’Union Européenne. Et bon gré, mal gré, elle avance.