Bilan Hebdomadaire
Alors que la semaine dernière semblait être une période transitoire concernant les statistiques macro-économiques, les nouvelles tout azimuth l’ont rendu particulièrement riche d’enseignements. Certains chiffres ont retenu toute notre attention. Nous chercherons, dans cet article, à les interpréter pour des arbitrages judicieux dans nos portefeuilles d’investissement. Voici les chiffres de la semaine passée:
Lundi a été la journée des indices PMI “service” en Europe et aux US. On a enfin enregistré une baisse significative sur tous les pays européens. Une nouvelle surprenante mais qui peut être considérée comme une bonne nouvelle, voire une très bonne. Cette baisse suggère une diminution de l’inflation, car il n’est pas possible d’augmenter continuellement les prix sans une demande quantitative en baisse: elle prend forme. Les pays tels que l’Italie, l’Allemagne, la Grande Bretagne, l’Espagne et la France ont donc publié des indices inférieurs aux prévisions et en baisse, bien que restant au-dessus de 50 (ce qui est considéré comme un bon niveau pour le PMI). On constate donc un ralentissement dans les pays européens. Dans l’après-midi, les États-Unis ont également enregistré une baisse similaire avec l’indice ISM non manufacturier. Cela signifie que l’indice du mois de mai, prévu à 52, en légère hausse, a finalement baissé significativement. Ces mauvais chiffres peuvent être considérés comme de bonnes nouvelles là aussi, car ils permettent d’anticiper une tendance à la baisse de l’inflation structurelle, la plus importante. Cela peut être difficile à comprendre, mais c’est ce que l’on appelle le principe du « bad news is good news ». En somme, cette baisse devrait prédire un ralentissement futur des chiffres de l’inflation.
Mardi, des pays inhabituels ont pris le relai sur la scène des statistiques macroéconomiques. Tout d’abord, l’Australie a surpris la planète finance en augmentant ses taux d’intérêt à 4,1%, alors qu’une stabilisation à 3,85 % était initialement prévue. Bien que les taux australiens restent relativement bas, cette décision témoigne d’une tendance à la hausse dans bien des régions du monde. L’annonce de la hausse des taux en Australie, car elle ne sera pas la seule de la semaine, a entraîné des mouvements erratiques sur le Nasdaq, notamment en l’absence de nouvelles importantes sur le marché américain.
Une autre nouvelle ayant eu un impact négatif sur les marchés concerne les commandes à l’industrie en Allemagne, qui sont passées en territoire négatif alors qu’une croissance de 3% était prévue. Bien que la situation soit meilleure que le mois précédent (-10 %), cette statistique a suscité de fortes réactions sur les marchés, avec des valeurs allemandes enregistrant des pertes significatives.
Puis, un chiffre frappant a attiré mon attention, il ne concerne pas l’Europe ou les États-Unis, mais le Canada. Le secteur de la construction au Canada a connu un effondrement clair, avec une baisse de 18,8% en avril, bien loin des prévisions de -5% après une hausse de 12% le mois précédent. De plus, les PMI (Indices des directeurs d’achats) canadiens sont également en forte baisse, bien en dessous des attentes. Il est donc essentiel de rester vigilant face à ces développements économiques tant au niveau international qu’au niveau régional et particulièrement du côté de Montréal.
Mercredi, c’est la Chine qui a publié des chiffres inquiétants sur ses exportations et importations, mettant en évidence une balance commerciale en deçà des attentes. Ainsi, les exportations ont connu une baisse significative de 7,5%, bien en dessous des prévisions qui tablaient sur une diminution de seulement 0,4%. L’Empire du Milieu ne parvient pas à redémarrer son économie, ce qui a et aura des répercussions sur les marchés internationaux et notamment le prix du pétrole. Si vous observez le CAC 40, l’indice phare français, vous constaterez que sa baisse reflète cette réalité. Je tiens à souligner une fois de plus que le CAC 40 est véritablement l’indice chinois le plus pertinent au monde, et cela se vérifie une fois de plus actuellement. Retenez que ce phénomène de baisse des exportations et d’importations en Chine semble indiquer une tendance profonde qui est en train de se dessiner : la relocalisation des productions. Cette nouvelle méga-tendance aura des conséquences majeures sur le paysage économique mondial.
Ce même jour, la Banque centrale du Canada a décidé d’augmenter ses taux d’intérêt dans la foulée des australiens alors qu’une stabilisation était prévue. Cette hausse de taux au Canada a eu un impact considérable sur les marchés. En seulement 2 ou 3 heures, l’indice NASDAQ a subi une baisse de 2 %, suite à cette nouvelle qui, à première vue, ne semblait pas particulièrement marquante. Mais Australie+Canada, à quelques heures d’intervalle, qui montent les taux… Il n’en fallait pas moins pour que le marché US (qui n’avait pas vraiment de statistiques à se mettre sous la dent pour animer la cote) trouve un prétexte pour faire bouger les marchés actions car les 2 pays restent tout de même 2 zones économiques importantes dans le monde ocidental.
Jeudi, j’ai été particulièrement impressionné par les chiffres du PIB du premier trimestre du Japon, qui ont dépassé les attentes avec une croissance de 0,7% au lieu des 0,4% prévus. Il s’agit d’une accélération significative de l’économie japonaise, avec un PIB annuel atteignant 2,7% contre les 1,6% initialement prévus. Honnêtement, je ne m’attendais pas à une telle intensité et une telle dynamique économique de la part du Japon, et cela a marqué cette journée, voire cette semaine, d’une manière exceptionnelle.
Mais ce chiffre incroyable a été étouffé, chez nous, par une prévision de PIB en Europe qui est passée en récession technique. Les chiffres indiquent un ralentissement économique qui est déjà constaté sur le Vieux continent. 2 trimestres consécutifs de baisse du PIB à -0,1% signifient que nous sommes officiellement en récession technique, bien que nous soyons encore en territoire positif sur l’ensemble de l’année. C’est une situation à surveiller de près. Mais comme l’inflation tend à se dégonfler… Tout va bien, selon le plan des banques centrales.
Vendredi midi, nous avons eu des nouvelles de la Chine qui confirment une situation économique difficile puisque les IPC chinois sont à la baisse tout comme les IPP (prix à la production). Cela signifie que les Chinois pourront produire à moindre coût, en plus de la baisse des prix des matières premières. Ainsi, la Chine réduisant ses prix de production, cela entraînera une baisse des prix de vente afin de maintenir leurs parts de marché. Ils pourraient adopter une politique de prix agressive surtout quand on voit la chute de leurs exportations. Cela pourrait potentiellement entraîner une situation de déflation, avec une forte pression sur les prix dans les prochains mois. Je m’attendais déjà à ce que l’on nous parle de déflation cet été, et je ne serais pas surpris que cela se réalise. Nous commençons déjà à entendre des signaux de baisse rapide. Il est donc probable que l’on parle de déflation dans un futur proche.
Quelle semaine nous venons de vivre alors que l’on s’attendait à une pause sur le plan des chiffres macroéconomiques. Eh bien ne vous inquiétez pas, la semaine qui arrive est tout aussi passionnante
Perspectives macro-économiques pour les jours à venir
Pour ce qui concerne cette semaine, le programme sera chargé notamment à cause des banques centrales majeures. Voici le programme de la semaine:
C’est ce mardi que le bal des statistiques importantes commence avec les chiffres des IPC américains. ils sont prévus à la baisse… mais je mets une petite pièce sur l’idée que ce sera encore plus important que prévu. C’est dans la foulée de ces chiffres, que la banque centrale américaine donnera sa décision mercredi sur l’évolution de ces taux d’intérêt. Tout le monde semble d’accord sur une stabilisation du taux. personnellement j’attendais la fois précédente, à tort. Mais là, il est quasiment évident que la FED calmera le jeu tant les taux réels (taux d’intérêt – taux d’inflation) sont en train de monter à une vitesse vertigineuse et donc dangereuse.
Jeudi sera riche en statistiques mais il semble qu’il y en ait une à observer plus que les autres ce sont les ventes au détail aux États-Unis. On espèrera aussi voir remonter l’indice manufacturier de la FED de Philadelphie qui est au fond du trou.
Il y a aussi une décision très importante du côté de la Banque centrale européenne. Une nouvelle hausse des taux d’intérêt est quasiment acquise tant la situation européenne est différente de la situation américaine.
On clôturera la semaine vendredi avec l’inflation en Europe qui s’annonce fortement baissière.
Bonne semaine macroéconomique à tous.