Après avoir connu une forte récession économique en raison de la crise de la dette souveraine de 2010, la Grèce a entamé une période de réformes économiques et structurelles pour stabiliser sa situation financière et stimuler la croissance économique. En 2015, Athènes a signé un troisième programme d’aide financière avec ses créanciers internationaux, qui a été suivi d’une série de réformes qui ont progressivement commencé à porter leurs fruits. Depuis l’été dernier, l’Union Européenne a mis fin à sa surveillance renforcée de l’économie grecque. Une page s’est tournée, mais les marges de manœuvre du pays restent entravées par une dette encore toujours trop importante.
Toutefois, le rebond est là. Le pays a connu une forte reprise économique ces dernières années, avec des taux de croissance annuels de 1,9 % en 2018, 2,3 % en 2019, 5,7 % en 2021 et 5,1 % en 2022, selon les estimations du FMI. Cette reprise est le résultat d’efforts persistants de réforme menés par le pays au cours des dernières années, qui ont renforcé la position de l’économie face aux défis actuels. Ainsi, le PIB a retrouvé son niveau d’avant la pandémie grâce à l’intervention publique, au redressement du tourisme et des exportations, ainsi qu’à un retour de la confiance des investisseurs et des consommateurs. La création de plus de 250 000 emplois depuis le début de la pandémie a également contribué à une forte reprise de l’activité, ramenant le taux de chômage à son plus bas niveau en 12 ans, à 11,6 %. Cependant, le chômage reste élevé, en particulier chez les jeunes, où il est encore supérieur à 30 %. Bien que la situation soit relative, la Grèce a accompli un chemin considérable depuis la crise de la dette souveraine de 2010.
Après une décennie d’une crise financière inédite et dûe notamment aux mensonges des pouvoirs publics et à la crédulité des autorités européennes, la Grèce a toujours le taux le plus élevé d’endettement public de la zone euro: selon les chiffres gouvernementaux, elle est passée sous les 190% du PIB en 2022 – contre 197,1% en 2021 et 206,3% en 2020. La dette publique de la Grèce reste donc très élevée, à environ 200 % du PIB, ce qui représente un fardeau encore trop important pour l’économie. Malgré cela, la Grèce a réussi à réduire sa dette publique de plus de 40 % depuis 2010 grâce à des réformes fiscales et à une augmentation des prélèvements obligatoires. Soit dit en passant, c’est surtout grâce au défaut de paiement du pays qui n’a jamais remboursé une grande partie de la dette accumulée notamment au début de ce siècle. Que voulez-vous? Il fallait bien être à la hauteur de l’événement planétaire que furent les Jeux Olympiques de 2004 à Athènes. Hein? N’importe quoi? Ahhh mais si… Les JO ont été le vase qui a fait déborder la goutte d’eau. Oui. Pas l’inverse, hélas! L’événement mondial était d’une envergure trop importante pour un si petit pays. Les retombées économiques avaient été dérisoires en rapport des dépenses d’organisation que le plus grand événement sportif du monde exigeait déjà à l’époque.
Après avoir été confronté à des défis structurels importants, et notamment une proportion élevée de prêts “douteux”, le secteur bancaire grec s’est aussi fortement réformé. Ainsi, les banques se sont achetées une discipline jusqu’à maintenant inexistante. Par la même occasion, la Banque de Grèce a pris des mesures pour renforcer ce réseau en améliorant petit à petit leur capacité à prêter aux entreprises et aux particuliers. Les basiques d’une économie florissante étaient là aussi sur la bonne voie.
Mais vous me sentez venir de loin, n’est-ce pas? Le pays reste fragile et loin d’être sorti de l’auberge. Pendant que certains s’interrogent, voire s’inquiètent de la vente des bijoux de famille à la Chine (les mêmes qui ont poussé le pays à le faire), d’autres commencent à sentir la douceur du vent des Cyclades se transformer en un nouvel orage économique potentiel.
D’abord, la pandémie de COVID-19 de 2020 a eu un impact important sur l’économie grecque, en particulier sur le secteur du tourisme, qui est la source la plus importante de revenus pour le pays. Elle l’est encore plus au moment où je vous parle avec des problèmes nouveaux de surexploitation des sites les plus touristiques du pays. Santorin n’en est que le plus triste exemple en étant devenu un véritable bunker anti-tourisme de masse. A l’époque de la reprise post-virus, la Grèce avait été l’un des premiers pays européens à rouvrir ses frontières aux globe-trotters dès 2021, ce qui avait aidé à stimuler la reprise économique en faisant fi des exagérations du monde médical qui avait bien trop profité du délire hypocondriaque de l’époque.
Depuis, comme vous l’avez vu dans les chiffres précédemment donnés, le peuple grec a vu tous ses efforts se concrétiser en une croissance économique plutôt rapide. Alors, je vous le dis quand même, la notion d’effort pour les Grecs était une notion nouvelle vu le laxisme que nous avons connu précédemment. Et même s’il ne faut pas fustiger pour des siècles des siècles un peuple totalement irresponsable, il ne faut pas non plus oublier les errements passés. Mais passons. Ainsi le désendettement s’est mis en place avec une vigueur que l’on ne peut qu’apprécier. Mesdames et messieurs les français, je vous laisse à votre réflexion sur le sujet.
Mais voilà, la Grèce reste endettée à un niveau extrêmement élevé. Pour être simple, il s’agit juste de faire une petite multiplication pour comprendre la problématique. La dette étant encore proche de 200 % du PIB, cela signifie que toute hausse de taux d’intérêt sur cette dette impacterait le pays au niveau budgétaire d’un pourcentage deux fois plus fort que cette fameuse hausse. En gros, pour une hausse de 1 % des taux d’emprunt, la Grèce sera amputée de 2% de son PIB qui sera attribué automatiquement au “service de la dette”. Et comme vous l’avez bien noté, la hausse des taux actuel devient un élément structurel de la fragilité du pays. A l’heure où l’on s’inquiète de la dégradation de la note de la dette française et des conséquences sur les souplesses budgétaires de l’État, il est un pays d’Europe où la situation peut devenir à nouveau catastrophique…Vous l’avez deviné, je parle de la Grèce.
Alors évidemment certains nous trouvent éloigné du problème, mais n’oublions pas que, malgré la richesse de la France, à force de ne jamais vouloir réformer ce pays de manière profonde, nous avançons tranquillement vers les errements des gouvernements grecs du début de ce siècle. Oui, il faut bien le dire, Nous avons un point commun avec les Grecs: le refus de regarder la réalité en face. Et finalement, c’est cela qui a été le plus grave pour les hellènes. Il serait peut-être temps, mesdames et messieurs les haineux de toutes formes de richesse dans notre pays, d’ouvrir les yeux du pragmatisme car si nous ne le faisons pas, il est fort possible que cet article soit repris dans 20 ans en changeant uniquement le nom du pays concerné et la date des Jeux Olympiques cité ci-dessus.