Le marché du luxe est en constante croissance depuis plusieurs décennies. Il est devenu un secteur économique important dans le monde entier mais tout particulièrement en France, pays considéré comme une marque à part entière dans les domaines de la gastronomie, du patrimoine mais aussi du raffinement. Les marques de luxe sont de plus en plus populaires auprès des consommateurs des pays émergents, et surtout le premier d’entre eux: la Chine, tandis que les marchés traditionnels continuent de se développer. Je pense bien évidemment aux Etats Unis en tout premier lieu. Américains et chinois sont au moins d’accord sur ce sujet-là. Quelle magnifique opportunité pour notre pays. Mais, nous verrons que nous ne sommes pas les seuls à en profiter.
Ce secteur d’activité comprend une grande variété de produits. Les marques de luxe les plus connues sont souvent associées à des produits haut de gamme tels que les montres, les sacs à main, l’alcool, les vêtements et les bijoux de haute qualité. Mais on oublie régulièrement le secteur de l’automobile, des yachts voire des casinos et autres palaces. Ces marques souvent prestigieuses ont également un impact sur l’économie mondiale, en contribuant à la création d’emplois et à la croissance économique surtout grâce à leur caractère artisanal. Cependant, le marché du luxe est également critiqué pour son impact environnemental, car la production de ces biens est énergivore avec des répercussions sur l’utilisation des ressources naturelles. Mais que voulez-vous? Les strass et paillettes sont plus forts que tout.
En effet, la croissance du marché du luxe est liée à l’évolution des comportements de consommation, des modes de vie et des préférences des consommateurs. Ainsi, le luxe, souvent assimilé à un symbole de statut social élevé, est associé à des valeurs telles que l’élégance, la qualité et l’exclusivité. Pour maintenir leur statut de leaders, les plus grands noms du luxe continuent leur développement pour répondre aux attentes des consommateurs parfois hystériques à chaque nouveauté dans le secteur. Mais, ce développement passe aussi par le rachat de sociétés dont la nationalité la plus représentée est celle de l’Italie.
Ne vous y trompez pas, les groupes comme LVMH et KERING font depuis longtemps leurs courses de l’autre côté des Alpes.
Ainsi, pour le groupe dirigé par Bernard Arnault, on peut dénombrer 4 marques d’origine italienne. La première acquisition fut la marque “Emilio Pucci” en 2000, suivie de près par “Acqua di Parma” en 2001. Et comme le dicton dit “jamais 2 sans 3”, c’est Fendi qui a rejoint le leader mondial du luxe en 2003. La 4ème acquisition italienne fut celle de “Bulgari” en 2011. Alors, évidemment on pourrait croire qu’il n’y a plus d’intérêt du groupe LVMH pour l’Italie depuis plus de 10 ans. Mais il s’avère que le géant français a fait une acquisition très importante de la marque de bijoux américaine Tiffany & Co en 2019 pour un montant de 16,2 milliards de dollars. Acquisition pour le moins difficile à digérer. Il est évidemment raisonnable de laisser les choses se faire au fur et à mesure des opportunités. Et Dieu sait que LVMH, c’est le faire.
Pour ce qui concerne le groupe KERING, c’est encore plus flagrant puisque non moins de 5 acquisitions ont été réalisées par le groupe sur les terres italiennes. La première et la plus prestigieuse d’entre elles fut bien sûr l’acquisition de la marque “Gucci” en 1999. Cette acquisition fut l’expression la plus retentissante du virage stratégique du groupe cher à François Pinault. Par la suite, “Bottega Veneta” entra dans le giron de KERING en 2001. Ce n’est que 10 ans plus tard que “Brioni” fut la troisième marque acquise par le groupe qui enchaîna en 2013 avec l’acquisition de “Pomellato” suivi de près par la 5e et dernière à ce jour: la marque “Ulysse Gardin”.
Vous noterez que ces groupes ont aussi acquis des sociétés qui n’étaient pas italiennes mais qui étaient d’origine italienne avec une forte empreinte de la célèbre botte (oui j’essaie les jeux de mots, parfois!). Je cite pêle-mêle “Givenchy” et “Céline” pour LVMH, ainsi que “Yves Saint Laurent” et “Balenciaga” pour KERING. N’oublions les marques aux consonances très italiennes comme “Berluti”, “Rossimoda” et “Loro Piana” pour le leader mondial.
Alors vous me direz, avec cette myriade de marques italiennes, que le gros des emplettes françaises de l’autre côté de la chaîne des Alpes est terminé. Mais il se trouve que ce n’est absolument pas le cas. Tout d’abord il est important de voir quelle est la quantité de dossiers qui émaillent le territoire de notre voisin. C’est absolument impressionnant vu la quantité et la diversité des secteurs. Mais le faible de l’industrie du luxe italien est la petitesse des entreprises qui la composent. Voilà où se trouve le talon d’Achille de nos amis à l’histoire prestigieuse, même les plus importantes n’arrivent pas à la cheville (proche du talon, finalement???) des conglomérats français. Quelques exemples me viennent à l’esprit : “Giorgio Armani”, “Dolce & Gabbana”, “Salvatorre Ferragamo”, “Ermenegildo Zegna”. Que des noms qui sonnent l’Italie, la Dolce Vita. Mais en ce qui nous concerne, c’est évidemment les entreprises cotées qui nous intéressent. Et il en existe beaucoup. Sachez que les 2 dernières citées sont cotées respectivement à Milan et à New York.
(Pour rappel, l’ensemble des valeurs citées ci-après ne sont que des suggestions en cohérence avec le sujet de l’article. Les propos tenus ne sont en aucun cas des conseils d’achat ou de vente. Il n’est fait référence qu’à des performances passées qui n’augurent en rien des performances futures.)
“Ferrari” est certainement la plus prestigieuse de toutes. Mais dois-je présenter le dossier? Vous trouverez aussi des marques comme “Campari”, “Moncler” et “Tod’s”. Les 3 valorisent plusieurs milliards d’euros. Bien sûr, une OPA est toujours possible sur des dossiers comme ceux-ci, même si, pour Ferrari, un gros doute m’envahit tant le secteur de l’automobile est spécifique. Mais, je préfère m’attarder sur les dossiers beaucoup plus petits et beaucoup moins connus. Ils sont tout aussi intéressants vu qu’ils sont des proies beaucoup plus facile pour les grands groupes français. Gismondi 1754 et Brunello Cucinelli sont mes favorites en ce domaine.
Par ailleurs, il existe des sociétés qui ne semblent pas du tout intéressées nos grands groupes français vu qu’elles correspondent plus à de l’industrie mécanique. Mais elles sont tout aussi prestigieuses que les marques citées précédemment. Elles peuvent avoir pour vous un intérêt boursier très important car, à l’heure actuelle, elles ont toutes progressé de manière significative en ce début d’année 2023. Je pense à la marque “Piaggio” (les célèbre scooters), “San Lorenzo” (Yachts de luxe), “The Italian Sea Group” (bateaux de luxe) et bien évidemment la marque “Ferrari”. Petite parenthèse: on peut pousser jusqu’à Monaco avec les “Bains de Mer de Monaco” qui gère les palaces et casinos de la principauté (cotée à Paris). Oubliez la possibilité d’une OPA, le prince de Monaco est le principal actionnaire et LVMH ultra minoritaire (mais présent avec 5% du capital).
L’ensemble des sociétés cotées que j’ai citées dans cet article a fait une performance boursière, depuis le bas de marché du mois d’octobre 2022, de l’ordre de 50 % en 6 mois. La performance des ogres français que sont LVMH et KERING mais aussi “Rémy Cointreau” “L’Oréal” “Hermès” ou encore “Pernod Ricard” (volontairement oublié plus haut pour ne pas être trop long) est du même ordre. Alors vous me direz: à quoi bon aller se promener du côté du Colisée quand on a ce qu’il faut chez soi? C’est tout à fait vrai, mais vous oubliez un détail. Ces sociétés sont beaucoup plus petites. Elles sont susceptibles d’être des proies pour les grands groupes français, ce qui ne serait qu’une suite logique de l’histoire. De plus, sans OPA à attendre, leur capacité à se développer est beaucoup plus importante, à condition de bien surveiller leur évolution que ce soit sur le plan financier ou au sujet de leurs orientations stratégiques futures.
En bref, le secteur du luxe peut être encore très surprenant à partir du moment où nous cherchons des valeurs au-delà de nos frontières franco-françaises. L’Italie est réellement un pays où le luxe est présent dans l’industrie de la maroquinerie, du vêtement ou de la joaillerie, mais aussi dans la construction navale, l’automobile et même le 2 roues. Vous admettrez que ce sont des secteurs sur lesquels la France est très en retard voire inexistante. La voie de la diversification dans le secteur du luxe vous amène logiquement à Rome. Vous créer un petit ETF “luxe italien” , au sein de votre PEA, peut être une source intéressante de diversification de vos investissements tout en restant dans un domaine porteur. Je vous rappelle que l’ensemble de ces valeurs et des propos tenus à leur encontre ne sont pas des conseils ou des recommandations d’achat.
Buona giornata e buoni investimenti a tutti.