Dimanche dernier, l’Arabie Saoudite et d’autres producteurs de pétrole faisant partie de l’OPEP ont annoncé une nouvelle réduction de la production de pétrole d’environ 1,16 million de barils par jour à partir de mai. Cette annonce, qui a surpris les investisseurs, a fortement soutenu le prix du pétrole en début de semaine qui a ouvert avec un gap haussier de plus de 6 % pour arriver à un prix autour des 80 $.
Cependant, les cours de l’or noir restent toujours en dessous des niveaux observés juste avant l’effondrement de la Silicon Valley Bank et des autres banques et enregistrent une baisse de plus de 20 % sur an. Les traders d’ActivTrades semblent d’ailleurs parier sur une baisse des prix, puisque l’indicateur de sentiment de la plateforme en ligne du courtier indique que les traders sont majoritairement à la vente (64 %).
Graphique journalier du Light Crude Oil – Source : ActivTrader
Pourquoi l’OPEP a-t-il décidé de baisser sa production ?
Depuis début juin 2022, les cours du pétrole ont fortement baissé en passant de plus de 121 $ le baril à légèrement plus de 64 $ le baril au plus bas le mois dernier. Les craintes sur la croissance globale ont pesé sur les cours du pétrole, car les investisseurs anticipaient une forte baisse de la demande à venir.
La décision de l’OPEP semble donc être le moyen pour ces pays exportateurs de pétrole d’anticiper le potentiel ralentissement économique (voire la récession à venir) en visant à maintenir un pétrole autour des 80 $ le baril pour soutenir la « stabilité du marché pétrolier ».
Malgré cette hausse des prix, les traders sont globalement restés calmes et se sont davantage concentrés sur la stagnation de l’industrie manufacturière mondiale avec la publication de nombreuses données PMI.
L’Institute for Supply Management a par exemple montré que l’activité manufacturière américaine avait atteint son niveau le plus bas depuis près de trois ans le mois dernier, qu’elle s’était contractée en mars pour le cinquième mois consécutif et que les nouvelles commandes continuaient de diminuer. Ainsi, la réduction de la production de brut pourrait simplement compenser la baisse de la demande des usines mondiales d’après Reuters.
Quelles conséquences sur l’inflation ?
Cette nouvelle baisse de la production inquiète les investisseurs, notamment en ce qui concerne les répercussions de cette hausse des prix du pétrole sur l’inflation qui pourrait augmenter de nouveau ou du moins rester forte pendant encore un moment. Le pétrole est en effet un composant important de l’inflation.
La forte hausse des prix globaux lors du commencement de la guerre en Ukraine a en partie été provoquée par la forte hausse du prix de l’énergie. Or, les derniers chiffres de l’inflation montrent une diminution de l’inflation grâce notamment à la baisse des prix du pétrole.
Le pétrole a donc un rôle clé dans l’évolution des prix, directement, car il s’agit d’une composante du calcul de l’inflation, mais aussi indirectement parce que le pétrole affecte les coûts de production, de transport et de stockage pour de nombreuses entreprises.
Ainsi, lorsque le pétrole augmente durablement et que les entreprises font face à des coûts plus importants, elles peuvent faire passer cette hausse sur le prix final de leurs clients, ce qui se traduit par une augmentation générale des prix pour les consommateurs finaux. Cela peut alors impacter le pouvoir d’achat des ménages dans le temps si la hausse des prix est suffisamment importante et globale en fonction de la sensibilité des consommateurs aux variations des prix et de la capacité de l’économie à absorber ces augmentations en réduisant la demande globale.
C’est là que la politique monétaire des banques centrales concernées entrent en jeu.
La politique monétaire d’un pays est en effet l’ensemble des règles et des outils utilisés par les banques centrales pour faire varier la disponibilité et le coût de l’argent dans une économie donnée, soit pour soutenir la croissance, soit pour la ralentir et ainsi avoir un impact sur l’inflation. En faisant ralentir la croissance, par exemple, une banque centrale fait diminuer la demande de produits et de services, ce qui a tendance à ralentir l’inflation.