Bilan Hebdomadaire
Semaine macroéconomique toujours aussi fortement perturbée par les problèmes bancaires aux Etats-Unis qui ont maintenant déteint sur l’Europe. Voici les chiffres de la semaine :
C’est l’Allemagne avec le fameux indice ZEW qui exprime le sentiment économique outre-Rhin qui a ouvert le bal des statistiques économiques de la semaine dernière.
L’indice allemand ZEW (Zentrum für Europäische Wirtschaftsforschung) est l’indicateur économique allemand qui mesure le sentiment des investisseurs institutionnels et des analystes financiers concernant l’économie d’outre-Rhin pour les six prochains mois. Il est publié mensuellement et est basé sur une enquête auprès d’environ 300 analystes financiers et investisseurs institutionnels. L’indice ZEW est considéré comme un indicateur avancé de la santé économique allemande, car il reflète les anticipations des investisseurs sur les performances futures de l’économie allemande… Un indice en dessous de zéro est signe de pessimisme. Au-dessus de zéro, il signifie un certain optimisme. Ainsi, l’optimisme affiché sur cet indicateur est en baisse. C’est dans la statistique des PMI germaniques dévoilé fin de semaine que nous avons constaté que l’Allemagne perd de la vitesse dans le rebond qu’elle ressentait depuis quelques mois.On sent bien c’est indécision en ce début d’année 2023 sur le continent européen.
Mercredi fut le point d’orgue de la semaine avec la réunion du FOMC de la Banque centrale américaine: la FED.
Même si la hausse de taux annoncée a bien été effective c’est-à-dire 25 points de base de plus pour atteindre le niveau de 5 % sur les taux directeurs, C’est bien le discours de Jérôme Powell qui a été la pierre angulaire de la macroéconomie de la semaine. Je dirais même que c’est le pivotement des mois qui vont venir concernant ce que nous pouvons appeler un changement de politique monétaire. Mais je m’explique un peu plus profondément immédiatement.
Pour être simple, La banque centrale américaine a atteint le niveau de taux qu’elle voulait appliquer à son économie c’est-à-dire 5 %. Comment pouvait-on le savoir il s’agissait de regarder si ce qui s’appelle les DOT PLOTS. Il s’agit d’un tableau dans lequel on répertorie les estimations de taux de chacun des membres de la Banque centrale américaine. Je vous présente ci-dessous les tableaux de leurs évaluations de décembre 2022 puis celui qui vient d’être mis à jour en mars 2023
Dot Plots de la FED de mars 2023
Ainsi vous voyez que le consensus pour 2023 était lors de la réunion de décembre à 5,1%. Dans la révision de mars, vous voyez que c’est “unchanged” (soit dit en passant les commentaires en rouge du second tableau sont décalés d’une année, le “unchanged” concerne bien l’année 2023, et non pas 2024). Vous percevez, au passage, que des estimations pour 2024 et 25 sont plutôt avec un scénario d’une lente baisse autour de 100 points de base par année c’est-à-dire 25 points de base par trimestre. Alors, je vous le dis tout de suite, c’est un scénario qui ne se réalisera certainement pas comme cela.
Toutefois il est à retenir, et c’est ça le plus important, que l’objectif a donc été atteint selon le consensus des gouverneurs de la Fed et qu’ils ne remettent pas en question la stabilisation sur 2023 de ces taux autour de 5,1% (“Unchanged”). Plusieurs arguments les amènent à cette pensée. D’abord, la désinflation se met bien en place aux États-Unis. Ensuite, la crise bancaire leur fait penser à une restriction du crédit dans les prochains mois sur la zone US. Cette restriction permettra la continuation de cette désinflation vers les taux espérés. Et donc naturel de penser que c’est la fin de la hausse des taux aux États-Unis.
Vous devinez que par ailleurs ce n’est pas le cas en Europe. Là où, le taux réel américain va certainement aller vers le 0 voire retrouvé du positif, sur le vieux continent, ce n’est pas la même soupe. En effet, l’inflation est actuellement encore à 8,5% pendant que le taux directeur de la BCE est encore à un malheureux 3,5%. Ainsi le taux réel en Europe est autour des 5% à l’heure actuelle. Nous ne sommes pas sur la même planète économique.
Le reste de la semaine dont vous avez le tableau ci-dessous a plutôt reflété la résistance de l’économie américaine et la faiblesse de l’économie européenne:
Ainsi jeudi dernier les chiffres des permis de construire américain ainsi que des ventes de logement neuf ont clairement écarté la thèse d’un effondrement de l’immobilier américain. C’est vendredi que les chiffres sur les commandes de bien durable ont confirmé cette position. Pendant ce temps-là les pays européens ont donné des signes de faiblesse que ce soit en Allemagne ou en Grande-Bretagne, je vous confirme que nous ne vivons pas dans le même monde.
Perspectives macro-économiques pour les jours à venir
Pour ce qui concerne cette semaine, le programme de cette fin de mois sera allégé après cette séquence particulièrement intense. Il faudra toutefois être attentif aux statistiques qui se présenteront à nous mais aussi à la réaction des marchés suite aux nouveaux chiffres qui nous seront proposés. Je vous mets en alerte sur les chiffres “économiques pures”, ils risquent d’être les drivers des marchés sur les prochaines semaines, la crise bancaire risquant de provoquer des remous sur les statistiques de mars (publiées en avril) voire d’avril (publiées en mai). Voici le programme de la semaine:
Mardi, aux US, l’indicateur de la confiance des consommateurs sera le premier point d’intérêt de la semaine. Mercredi, on vérifiera que les stocks de pétrole américain sont toujours à la hausse. Je rappelle que le pétrole est sur des niveaux importants. Plus bas c’est le bear market. C’est en fin de semaine que nous aurons de nouveaux chiffres sur l’inflation tant en Europe qu’aux Etats-Unis. C’est plutôt les chiffres du vieux-continent qu’il faudra scruter de près.
Bonne semaine macroéconomique à tous.