En macroéconomie, il existe deux notions absolument essentielles qu’il faut connaître et comprendre. La première est la notion d’inflation. La seconde est le concept de taux d’intérêt. Alors même si l’un et l’autre sont interdépendants,il est essentiel de s’intéresser à ces 2 notions primordiales mais aussi à la soustraction l’une de l’autre: c’est ce que l’on appelle le taux réel.
L’inflation exprime l’augmentation générale du niveau des prix des biens et services dans une économie au fil du temps. Elle est mesurée par un indice des prix, tel que l’indice des prix à la consommation (IPC), qui mesure la variation des prix d’un panier de biens et services couramment achetés par les ménages.
L’inflation peut être causée par divers facteurs tels que la hausse des coûts de production, la hausse de la demande des consommateurs, la baisse de l’offre de produits, la croissance économique, la croissance de la masse monétaire… Cette inflation peut avoir des effets pervers sur l’économie tels que la réduction du pouvoir d’achat, la diminution de la valeur réelle de l’épargne, l’augmentation du coût des emprunts, la diminution de la demande des consommateurs…
Ainsi, dans la plupart des économies modernes, les banques centrales ont pour mandat de maintenir l’inflation à un niveau stable et modéré. Ce niveau est considéré comme bénéfique pour l’économie, car il favorise la croissance économique, la stabilité financière et la confiance des consommateurs et des investisseurs. Voilà pourquoi, le sujet de l’inflation est totalement central actuellement: son niveau n’est pas “stable et modéré” depuis 2021.
D’un autre côté, le taux d’intérêt directeur, également connu sous le nom de taux directeur, est un taux d’intérêt fixé par la banque centrale d’un pays pour influencer les taux d’intérêt dans l’ensemble de l’économie, en bref, ceux qui sont pratiqués par nos propres banques commerciales.
Le taux directeur est donc le taux d’intérêt auquel les banques commerciales peuvent emprunter des fonds auprès de la banque centrale. Si celle-ci souhaite stimuler l’économie, elle peut abaisser le taux directeur pour rendre l’emprunt moins coûteux pour les banques commerciales. Celles-ci peuvent alors emprunter davantage de fonds à moindre coût, ce qui leur permet d’offrir des prêts à des taux d’intérêt plus bas pour les entreprises et les consommateurs.
Inversement, si la banque centrale souhaite ralentir la croissance économique et maîtriser l’inflation, elle peut augmenter le taux directeur pour rendre l’emprunt plus coûteux pour les banques commerciales. Elles pourront alors emprunter moins de fonds et offrir des prêts à des taux d’intérêt plus élevés. C’est ce que nous vivons actuellement dans nos économies occidentales. Enfin… presque!!!
Le taux directeur est donc considéré comme l’un des outils les plus importants de la politique monétaire utilisée par les banques centrales pour atteindre leurs objectifs macroéconomiques tels que la croissance économique, la stabilité des prix et la stabilité financière. Voilà pourquoi, nous surveillons de très près les taux d’intérêt et leur impact sur l’ensemble de l’économie.
Les taux réels en macroéconomie font référence aux taux d’intérêt nominal ajustés en fonction de l’inflation. En d’autres termes, ils représentent le taux d’intérêt réel que les emprunteurs paient pour emprunter de l’argent, une fois que l’effet de l’inflation a été pris en compte.
Le taux d’intérêt nominal est le taux d’intérêt brut que les prêteurs (les banques commerciales) facturent pour prêter de l’argent. Il est généralement exprimé en pourcentage et ne prend pas en compte l’inflation. Cependant, l’inflation a un impact sur le pouvoir d’achat de la monnaie et peut affecter la valeur réelle de l’argent que les emprunteurs remboursent. Par conséquent, les taux réels prenant en compte l’inflation donnent une mesure plus précise de ce que les emprunteurs paient réellement.
Voilà, pourquoi les taux réels ont une grande importance en macroéconomie, car ils peuvent affecter les décisions d’investissement, l’activité économique et l’inflation. Les taux réels élevés peuvent dissuader les entreprises et les ménages de contracter des prêts, ce qui peut ralentir la croissance économique. Les taux réels négatifs, en revanche, peuvent stimuler la demande de prêts et l’investissement, ce qui peut stimuler la croissance économique. Vous verrez que nous sommes depuis longtemps dans le second cas, et depuis longtemps.
La situation actuelle entre les zones économiques que sont celles des États-Unis et de l’Europe est totalement différente de ce point de vue.
En effet, les chiffres d’inflation aux États-Unis sont actuellement autour de 6 %. La semaine dernière, la banque centrale américaine a augmenté ses taux directeurs de 25 points de base pour atteindre un niveau de 5 %. Ainsi, comme vous l’avez compris, le taux réel américain est de -1% (Alors, oui je sais que je n’ai pas pris en référence les taux d’intérêt des banques commerciales mais on va partir du principe que les marges et les taux de risque aux US sont les mêmes qu’en Europe.).
Pendant ce temps l’inflation sur le vieux continent ne diminue pas et se situe à un niveau de 8,5% actuellement. Il se trouve que le taux directeur de la Banque Centrale Européenne présidé par Christine Lagarde, vient de difficilement passer le cap des 3,5%. Je ne vous ferai pas la front d’exiger un calcul scientifique élaboré pour que vous compreniez que nous sommes à – 5 % en Europe.
Alors, oui je sais, les économies américaines et européennes ne sont pas du tout dans le même état. L’une est finalement flamboyante pendant que l’autre est empêtrée avec ses vieux démons datant finalement d’un autre siècle: la guerre, la dépendance énergétique, la soumission aux puissances militaires.
Mais voilà, cet écart entre les 2 zones provoque des conséquences diverses et variées. Tâchons de les énumérer…
Lorsqu’il y a une différence significative entre les taux réels de deux zones économiques, cela peut avoir des conséquences importantes sur les flux de capitaux entre ces zones et sur les échanges commerciaux.
Tout d’abord, les investisseurs peuvent être incités à investir dans la zone économique offrant le taux réel le plus élevé (les Etats-Unis), car cela leur permettrait d’obtenir un rendement plus élevé sur leur investissement. Cela peut entraîner une augmentation des flux de capitaux vers cette zone, ce qui peut renforcer sa monnaie par rapport à celle de la zone économique offrant des taux réels plus bas. Avec une quasi-parité Euro-Dollar ces derniers mois, vous en connaissez maintenant les raisons.
En outre, des taux réels différents peuvent également affecter les échanges commerciaux entre les deux zones économiques. Si une zone économique offre des taux d’intérêt réels plus bas, cela peut entraîner une dépréciation de sa monnaie par rapport à celle de la zone économique offrant des taux d’intérêt réels plus élevés. Cela peut rendre les produits de cette zone économique moins chers pour les consommateurs de la zone économique offrant des taux d’intérêt réels plus élevés, ce qui peut stimuler les importations et réduire les exportations de la zone économique offrant des taux d’intérêt réels plus élevés. Ainsi, cet écart, de ce cas-là, est plutôt intéressant pour l’Europe vis à vis des Etats-Unis. Mais c’est sans compter sur l’effet inverse concernant les importations européennes vis-à-vis des Etats-Unis… C’est là que notre dépendance énergétique devient LE PROBLÈME du vieux-continent, surtout quand on nous contraint à l’acheter aux seuls fournisseurs disponibles: les américains (Mais qui a donc profité de l’explosion du North Stream 2, si ce n’est pas les USA?).
Enfin, des taux réels différents peuvent également avoir un impact sur les échanges de produits financiers tels que les obligations et les actions. Les investisseurs peuvent être incités à investir dans la zone économique offrant des taux d’intérêt réels plus élevés, ce qui peut entraîner une augmentation de la demande pour les obligations et les actions émises dans cette zone économique, et une réduction de la demande pour celles émises dans la zone économique offrant des taux d’intérêt réels plus bas. En gros, il est bien plus intéressant d’acheter les bons du trésor US que les malheureuses obligations européennes malgré un besoin gigantesque de ces pays sur-endettés que sont, notamment, les pays du sud de l’Europe.
Ainsi, comme vous l’avez compris, il ne s’agit pas de regarder uniquement ce que représente l’inflation sur une zone économique ou ce que sont les niveaux des taux d’intérêt de la Banque centrale de la même zone. La macroéconomie est tout de même un peu plus complexe que de simples chiffres mis dans des cases. La notion de taux d’intérêt réel vous permet d’avoir une certaine relativité par rapport aux chiffres que nous pouvons voir au quotidien dans les journaux. Cette notion de taux réels vous permet de vous faire une bonne idée de ce que va faire une banque centrale dans une des régions du monde (En l’occurrence: l’Europe). Je ne suis pas convaincu d’avoir déjà vu un tel écart entre la zone américaine et la zone européenne sur ce sujet. Il est tout à penser que si nous voyons actuellement un plafonnement des taux d’intérêt américains, il est tout aussi bon d’affirmer que ce n’est pas terminé du côté européen.