Bilan Hebdomadaire
Semaine macroéconomique décisive que celle qui s’est déroulée la semaine dernière. En effet, les craintes qui commençaient à apparaître depuis quelques semaines se sont matérialisées. Voici les chiffres de la semaine :
Tout d’abord, la semaine a commencé par des chiffres mitigés sur le continent européen. D’un côté, les PMI français ont donné un signe de faiblesse pour la première fois depuis longtemps, faiblesse qui n’a pas été partagée par le reste de l’Europe. En effet, l’indice ZEW du climat des affaires en Allemagne, paru mardi dernier, a été plutôt clément et est en train de remonter. Mercredi, c’est l’indice IFO qui a confirmé ce sentiment outre-Rhin. On peut considérer que les indices avancés que sont les PMI sur la zone euro présagent d’une activité globale plutôt correcte et confirment le scénario d’une absence de récession, mais plutôt d’un ralentissement économique.
Du côté américain, les statistiques PMI ont constaté la même tendance que sur le vieux continent. Pas vraiment bon, pas vraiment mauvais, mais surtout conforme au consensus voire même un peu supérieur. Bref, les indicateurs avancés n’annoncent toujours pas de crise économique ou de récession. Ce n’est pas parce que je vous dis ça que ça n’arrivera pas, mais dans cette chronique, loin de nous l’idée d’être en permanence négatif sur les chiffres alarmants annonçant la catastrophe alors qu’ils n’existent toujours pas. Il est en effet essentiel d’être pragmatique dans le monde de la Bourse afin de trouver non seulement une bonne raison de vendre son portefeuille, mais surtout le timing qui doit être le plus précis possible.
D’ailleurs, faisons une petite parenthèse sur les marchés. Les marchés européens sont effectivement très hauts, viennent de donner un premier signe de faiblesse en cette fin de semaine. Il est certainement temps d’alléger sa position, de refaire ce qu’on appelle du cash. Mais pour un investisseur aguerri, nous ne pouvons pas être en mode panique, tout au plus dans un esprit de méfiance vu les fortes accélérations indicielles de ce début d’année 2023.
Pour revenir aux chiffres macroéconomiques de la semaine, c’est à partir de jeudi que les choses sérieuses ont commencé. L’Europe a ouvert le bal avec ses chiffres de l’inflation. Ils baissent, mais on ne peut pas dire que ce soit très violent. C’est une désinflation lente et qui fait de la résistance. Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que les hausses subies toute l’année 2022 vont se répercuter dans les mises à jour de contrats annuels diverses et variées des sociétés avec leurs prestataires. Ainsi, il est évident que les chiffres sur les premiers mois de l’année auront quelques difficultés à résorber l’inflation embarquée dans l’économie depuis des mois.
Une fois que l’on a dit cela, vous comprenez que l’idée soulevée ici est celle du caractère conjoncturel de la non-désinflation de l’économie. En tout cas, on peut l’espérer, car si les chiffres cessent de diminuer, alors on peut considérer que la spirale inflationniste est loin d’être résorbée, avec toutes les conséquences que cela peut engendrer.
C’est vendredi que tout a basculé. Tout d’abord, les Allemands ont annoncé leur chiffre du PIB inférieur aux attentes, petite récession sur le trimestre 4 mais un peu plus importante que prévu. Les Américains ont enchaîné avec leurs chiffres PCE (l’inflation subie par les consommateurs). La douche froide a été à la hauteur de la surprise : on attendait des chiffres en diminution légère, mais finalement, ce sont des statistiques à la hausse qui sont sorties, ce qui a provoqué un retournement des marchés à cause de cet écart de résultats suffisamment important entre le consensus et le chiffre réel pour inquiéter les opérateurs en cette toute fin de semaine dernière.
Ainsi, il est à prévoir que le scénario un petit peu oublié de la stagflation va réapparaître dans les éditoriaux des journaux financiers : la correction est en route. On peut quand même considérer qu’elle peut être possiblement assez profonde vu le niveau de valorisation des marchés qui ne prend pas du tout en compte les scénarios les plus noirs, alors que le gris plus ou moins clair ou plus ou moins foncé devrait être la moindre des choses. Voilà pourquoi, je ne vois pas les marchés aller beaucoup plus haut dans les mois à venir.
Perspectives macro-économiques pour les jours à venir
Une fois n’est pas coutume, cette semaine les Américains ouvrent le bal avec deux indicateurs importants qui sont les commandes de biens durables ainsi que les promesses de vente de logement. Voici ci-joint l’ensemble des autres chiffres à surveiller cette semaine :
Traditionnellement, le premier vendredi du mois, nous obtenons les chiffres du NFP américain. Mais le calendrier étant certainement un peu trop serré, nous devrons attendre la semaine prochaine pour les obtenir.
Ainsi, la semaine sera globalement assez calme, même si une salve de PMI, notamment en Chine et en Allemagne, sera à surveiller ce mercredi. Les Britanniques sortiront leurs chiffres ce vendredi.
Aux États-Unis, il faudra faire attention aux statistiques de l’indice PMI de l’ISM, la première étant mercredi et la seconde vendredi, que ce soit le manufacturier ou le non manufacturier. Ce dernier nous avait fait quelques sueurs froides il y a 2 mois, il semble que tout soit rentré dans l’ordre, nous verrons si c’est bien le cas.
Je tiens à vous signaler avant la fin de cet article qu’une intervention de politique monétaire de la BCE aura lieu jeudi. Et comme vous savez ce que je pense de Christine Lagarde et de ses discours totalement dénués de compassion pour les marchés, il convient à chaque intervention de celle-ci d’avoir une oreille attentive afin d’éviter le pire. ce ne serait que la énième bourde de la française.
Bonne semaine macroéconomique à tous.