Bilan Hebdomadaire
« Désinflation », voilà le mot de la semaine. Il a été prononcé par Jérôme Powell, président de la FED ce mercredi. Bah bah bah, ce sont les mêmes mots que la semaine dernière. Eh oui, le thème de l’inflation et de sa désescalade est le thème du moment, faute de crise économique à se mettre sous la dent. Toutefois, le détail qui a changé cette semaine est justement le jour de la semaine. C’était mardi et pas mercredi. Mais à part ça? Rien à signaler? Eh bien non. Enfin… pas grand-chose finalement.
J’avoue avoir été surpris par les propos tenus par Jérôme Powell, qui s’est trouvé être particulièrement « Hawkish », un mot que je vais vous définir un peu plus loin. En gros, il faut retenir deux choses. Le mot « désinflation » utilisé la semaine précédente a été modéré (ou précisé) dans ses propos en expliquant que ce serait un mouvement long, modéré, voire douloureux avec une perspective de retour aux 2% d’inflation à un horizon bien éloigné: 2024. L’autre point à retenir est son discours assez agressif à propos des taux d’intérêt. Il a répété qu’il serait prêt à continuer la hausse des taux selon les chiffres qui lui seraient adressés. La réaction des marchés a été plutôt positive dans la soirée de mardi, à ma grande surprise. Je dirais même « incompréhensible ». Mais tout bien réfléchi, celui-ci s’est rappelé des chiffres impressionnants du NFP de la semaine précédente et a finalement retourné sa cuti tout le reste de la semaine pour finir en baisse significative (mon incompréhension fut de courte durée).
Je me permets de faire une petite parenthèse éducative pour les petits nouveaux de la macroéconomie. Mais, koi ke cé ty ke ça veut dire que « Hawkish » ou « Dovish »?
La politique monétaire hawkish a pour but de contrôler l’inflation. Si l’orientation est hawkish, la banque centrale adopte toutes les mesures nécessaires pour réduire cette inflation qui est considérée comme la plus grande menace à la destruction de la croissance structurelle, j’ai bien dit « structurelle ». Curieusement, la croissance économique n’a pas la priorité dans ce cas, on parle, là, de la croissance à court terme. Mieux vaut un ralentissement économique, voire une petite récession de quelques trimestres, qu’une crise économique profonde. Pour combattre l’inflation, différentes options sont sur la table, notamment l’augmentation des taux d’intérêt et la réduction de la masse monétaire en circulation, ou tout du moins sa maîtrise. Un exemple de politique monétaire hawkish a été celle menée pendant plusieurs années par Jean-Claude Trichet à la BCE qui considérait la lutte contre l’inflation comme sa priorité absolue. Bon, il était aussi un peu obsédé par un euro fort. Cette politique était considérée comme restrictive, trop restrictive selon les dovish. La politique monétaire hawkish est généralement mise en œuvre lorsque l’économie est en croissance ou en surchauffe. Théoriquement, cette politique est favorable à l’appréciation d’une devise sur le marché des changes (Forex). Les personnes préférant les politiques monétaires hawkish sont communément appelées « faucons ».
Quant à la politique monétaire Dovish, son objectif est de stimuler la croissance économique. Si l’orientation est Dovish, la banque centrale adopte toutes les mesures nécessaires pour stimuler l’économie. L’inflation n’est pas un sujet de préoccupation dans ce cas, c’est plutôt la croissance économique. Une politique Dovish se caractérise par une baisse des taux d’intérêt et l’utilisation de mesures dites non conventionnelles (comme les opérations de liquidités quantitatives connues sous le nom de « Quantitative Easing ») pour relancer l’économie. On peut parler d’une politique monétaire expansionniste dans ce cas. Ces dernières années, les principales banques centrales (FED, BCE, BoE, BoJ) ont mis en œuvre une politique monétaire Dovish jusqu’à leur paroxysme lors de la crise du Covid-19 en 2020. Le propos le plus Dovish qu’on ait pu entendre dans ce siècle est le fameux « Whatever it takes » de Mario Draghi le 26 juillet 2012 à Londres. En trois mots, il a sauvé l’Europe et sa monnaie unique. Légendaire ! En général, la politique Dovish est adoptée lorsque l’économie est en récession. Théoriquement, la dépréciation de la devise accompagne cette politique sur le Forex. Les partisans des politiques monétaires Dovish sont communément appelées « colombes ». Seule LAGARDE s’est définie comme une « chouette », toujours la même qui fait son intéressante. M’enfin.
Mais, quoi d’autre à dire sur cette semaine ? A vrai dire, pas grand-chose.
Enfin si, un petit truc, l’inflation allemande ne baisse pas comme on pourrait l’espérer. Ainsi, l’inflation européenne risque de ne pas baisser autant que nos banquiers centraux le souhaitent. Ce fut la valse des discours et petites phrases de certains membres du Conseil des Gouverneurs de la BCE. Et par-ci, une supputation d’une hausse de 50 points de base pour au moins 2 autres réunions. Et par-là, des propos “hawkish” (vous savez maintenant ce que ça veut dire) sur la capacité de l’inflation à redescendre sur ses niveaux d’antan. Quand j’écris “d’antan”, cela suppose que je n’y crois pas un instant. Bref, vous imaginez que les marchés n’ont pas aimé du tout : les valeurs “croissance” de la cote européenne ont toutes pris un revers sur la fin de semaine. Le message est clairement à la correction… On attendra encore pour annoncer un retournement de marché majeur, même si la valorisation actuelle ne prend plus vraiment en compte les dangers qui nous guettent, et notamment une continuation de la hausse des taux d’intérêt européens. Je mets une pièce sur un réalignement entre les marchés européens et américains au bénéfice des USA.
Perspectives pour les jours à venir
Cette semaine est à nouveau assez calme du côté des statistiques économiques mais pas sans intérêt. Voici le tableau des chiffres à scruter (heure de Paris):
La semaine que nous entamons sera marquée par les chiffres de l’inflation américaine qui paraîtront ce mardi à 14h30. Autant vous dire qu’il serait criminel, pour ceux qui sont au bureau, de ne pas être en pause cigarette à ce moment-là pour jeter un œil sur ce chiffre. La réaction du marché sera très attendue. Et vu que les indicateurs de volatilité en ont fini avec leur correction, je peux vous certifier qu’un chiffre décevant enverra le VIX beaucoup plus haut et le NASDAQ beaucoup plus bas.
On prêtera aussi une oreille attentive aux statistiques américaines sur les ventes au détail de mercredi à 14h30 (toujours heure de Paris). Les derniers chiffres à scruter seront certainement ceux de jeudi avec les permis de construire mais surtout l’indicateur des prix à la production aux US.
Donc, attention à cette semaine qui risque de confirmer ce sentiment grognon du marché, l’inflation fait de la résistance… Elle redevient le centre des préoccupations macro-économiques du moment.
Bonne semaine macro-économique à tous.