L’Égypte est un pays à l’histoire si riche et si fascinante, remontant à plus de 5000 ans. À l’origine, la région était habitée par des chasseurs-cueilleurs. Au fil du temps, les gens se sont installés et ont commencé à cultiver les terres fertiles du delta du Nil, ce fleuve si majestueux. Au fil des siècles, le pays a connu plusieurs changements de dynasties, les fameux pharaons de l’Egypte antique encore enseignés dans tous les livres d’histoire. Certaines d’entre elles ont marqué l’histoire de l’humanité et ont étendu leur Empire à d’autres régions d’Afrique et du Moyen-Orient. La XVIIIe dynastie, qui a régné pendant le Nouvel Empire, est l’une des plus connues. C’est à cette époque que de nombreux temples et pyramides ont été construits, y compris la fameuse pyramide de Gizeh. Mais, c’est aussi à cette époque que l’Égypte est devenue l’une des premières grandes civilisations du monde.
Toutânkhamon, le plus connu des pharaons
Richissime et glorieuse, l’Égypte a attiré les convoitises jusqu’à être conquise par d’autres Empires tels que les Perses, les Grecs et les Romains. Eh oui, un Empire n’a qu’une vocation: disparaître pour laisser place au suivant. Mais même sous leur domination, ce peuple incroyable de modernité a gardé sa propre culture et ses traditions. Ainsi, au fil des siècles, l’Égypte a connu plusieurs transformations, y compris sa conversion à l’islam au 7ème siècle. Cependant, malgré tous ces profonds changements, l’héritage de l’Égypte antique a survécu jusqu’à nos jours, restant un exemple majeur de la richesse et de la diversité de l’histoire humaine.
Le ciel s’assombrit au dessus des pyramides
Le 19ème siècle est marqué par la domination de l’Empire Ottoman sur les bords du Nil. Mais avec un désir profond de se tourner vers l’Occident, l’Egypte obtient l’aide française puis britannique pour se libérer du joug turc. C’est au sortir de la première guerre mondiale que l’Égypte devient une monarchie constitutionnelle autonome, mais toujours sous la supervision britannique.
Ce XXème siècle fut marqué par l’obtention de l’indépendance en 1952 après de nombreux événements politiques déstabilisant la région. C’est Gamal Abdel Nasser qui rend la stabilité politique et économique à son pays mais qui permet aussi de retrouver une certaine splendeur à ce pays si riche d’histoire. Mais la chute de Nasser, alors surnommé le “pharaon moderne”, et l’instauration d’un régime autoritaire à sa suite qui a duré jusqu’en 2011 plongea les égyptiens dans un crise identitaire et économique dont il n’arrivent toujours pas à se remettre aujourd’hui. Pourtant, le printemps arabe de 2011 fut si prometteur. Hosni Moubarak renversé, la démocratie installée, l’espoir d’une renaissance était bien là. Mais voilà, l’apprentissage de la démocratie est difficile, comme partout où l’on est habitué à la main ferme d’un pouvoir central. En 2013, Mohammed Morsi a été renversé par l’armée et Abdel Fattah al-Sisi est maintenant à la tête du pays. Mais pour combien de temps?
Le Caire, la plus grande ville d’Afrique suffoque avec ses 24 millions d’habitants
Combien de temps? Le temps d’un nouveau printemps révolutionnaire? Il semble que tout soit réuni pour ce scénario. L’économie égyptienne est en train de littéralement s’effondrer. Une Vallée des rois désertée, des petits trains touristiques à l’arrêt, des magasins de souvenirs sans client, tout comme l’immense temple de Louxor, les Pharaons ne font plus recette depuis plusieurs années. Covid et tourments politiques incessants ont eu raison du tourisme et de la première source de devises étrangères. Vous commencez à deviner la suite: l’engrenage.
Même les croisières sur le Nil se font avec des bateaux à moitié vides.
La livre égyptienne vient de perdre la moitié de sa valeur depuis les 12 derniers mois. En 10 ans, c’est une division par 4 face à l’euro et par 5 face au dollar américain. Le pays est donc en proie aux mêmes phénomènes d’engrenage que vie le proche Liban, qui a déjà fait défaut et vie des moments noires de son histoire économique. Par ailleurs, la rue n’a plus confiance dans le gouvernement et ses institutions, et notamment les institutions financières du pays. C’est là que nous retrouvons les mêmes effets aggravant que l’on avait déjà mis en avant dans le cas argentin. La thésaurisation des dollars américains!!!! (voir l’article suivant: https://youtrading.com/fr/largentine-championne-du-monde-certes-mais-pas-deconomie/ ) Et voilà que les Égyptiens se mettent à planquer des billets verts dans les matelas. Une véritable catastrophe à plus ou moins brève échéance. Imaginez que les histoires de cryptos-monnaies sont du même ressort (Message mesdames-messieurs!!!).
L’EGP/USD a divisé par 2 dans le courant de 2022
Mais, la situation sur les bords du Nil était déjà très tendue depuis des années. Le Caire, cette mégalopole de 24 millions d’habitants suffoque d’étés de plus en plus irrespirables. Les terres ne donnent pas, l’irrigation est anecdotique. Le pays importe massivement du blé qu’elle paie en dollar avec, par-dessus le marché (sans jeu de mot, tellement c’est triste), un cours qui a flambé suite à la guerre en Ukraine. Le pays est au bord de l’explosion. Le taux d’inflation annuel de l’Egypte a grimpé à 21,9% en décembre 2022. Tout est réuni. Explosion sociale, explosion sanitaire, explosion politique… Explosion tout court.
Le FMI vient d’intervenir, les intellectuels conjurent les égyptiens de ramener les billets verts à leur banque. Le pouvoir vacille. Les tour-operators partent vers d’autres contrées plus stables. Evidemment, les territoires occupés par Israël qui se remettent en feu n’arrangent rien à la situation. Alors, vous me direz que le cas egyptien est un cas comme bien d’autres en Afrique. Effectivement! Mais le problème est que l’Egypte n’est pas un nain. C’est plus de 100 millions d’habitants. C’est une force d’équilibre dans la région. Le Canal de Suez est un lieu stratégique pour le commerce international. Son effondrement réveillerait là-aussi des velléités islamistes déjà fortement ancrées. Les pays du Moyen-Orient y trouveraient certainement un nouveau terrain de jeu pour leur lutte d’influence. Le déséquilibre de la région n’est pas souhaitable, bien au contraire. Il est dangereux.
L’Egypte est tout simplement un grand pays. Un pays respecté et admiré en Afrique comme le nôtre peut l’être en Europe. Si la tête tombe, qui sera le suivant sur la liste? C’est là que le risque systémique est en ce début d’année 2023: L’EFFET DOMINO. L’effet qui risque d’emporter les pays émergents, un par un, dans une tourmente sans précédent car les risques de famines sont réels. Les risques de migration de masse sont évidents. L’Egypte n’est pas si loin des terres grecs, pas beaucoup plus que la Tunisie n’est éloignée de l’Italie. La Méditerranée en feu, c’est la riche Europe qui sera sollicitée. Rappelez vous de la Syrie. Rappelez vous de l’Ukraine. Rappelez-vous des chiffres impressionnants de la démographie de l’Afrique. L’Egypte va vite devenir un sujet central en cette nouvelle année 2023. Sauver l’Égypte, c’est sauver l’Afrique, c’est sauver l’Europe.