Bilan Hebdomadaire
Semaine de reprise pour les macro-économistes. Une reprise intense avec des chiffres qui ont été particulièrement scrutés, nous y reviendrons un peu plus bas. Voici les quelques chiffres de la semaine passée, les enseignements à tirer sont nombreux et d’importance:
L’année a commencé par des chiffres particulièrement rassurants sur l’inflation européenne qui entame un cycle de décélération rapide. Les chiffres ont été particulièrement intéressants vu leur baisse beaucoup plus rapide que ce que le consensus prévoyait. Les bourses européennes ne s’y sont pas trompées en achetant assez fortement cette nouvelle durant toute la semaine, laissant loin derrière elles les indices américains qui étaient encore en négatif à 16 h ce vendredi (heure de Paris). L’idée que la hausse de taux de la BCE risque d’être rapidement stoppée a rendu le marché… euphorique. Pour preuve, seul Oslo est resté en berne… Normal, elle n’est pas en Union européenne mais dans l’AELE.
Par ailleurs, les PMI, toujours sur le vieux continent, ont été plutôt conformes aux attentes voire même meilleures que prévu par le consensus. Aucun emballement négatif n’a été constaté sur les indicateurs avancés de l’activité économique. En bref, l’ambiance est morose mais pas vraiment négative. Ces périodes ressemblent plus à un jeu de poker menteur où, en l’absence de bonnes cartes, certains préfèrent faire la moue que de rester totalement neutre et d’attendre une bonne main pour rafler la mise. Les soubresauts géopolitiques et leurs conséquences créent cette moue générale sur le vieux continent. La bourse, elle, est déjà partie ailleurs, toujours en éclaireur.
On peut le comprendre. Mais les chiffres de l’emploi, tout comme aux US, restent parfaitement bien orientés. On a beau dire très (trop) régulièrement qu’une crise économique sans chômage est juste un ralentissement voire souvent un contre coup du momentum, il faut bien admettre que les observateurs que nous sommes ne sont absolument pas entendus… par le grand public. Donc, ralentissement économique en 2023, oui! Crise économique grave, non! Voilà pour le pronostic de l’année, jusqu’à preuve du contraire, le contraire étant un événement impactant pour emmener tout le monde à la cave. Cette semaine, l’EUROPE a décidé d’être ultra positive… Ça dure depuis la mi-octobre 2022. Depuis que l’inflation a donné des signes de faiblesse. Tiens, parlons de pronostic d’inflation… Le spectre de la déflation pourrait apparaître comme thématique des vendeurs de malheur d’ici la mi-année 2023, voire la rentrée. On prend date, et on verra.
Pour les américains, ce qui a drivé la semaine est l’attente du NFP de ce vendredi, les statistiques de l’emploi. Ainsi, l’ISM manufacturier (indicateur avancé de l’économie US sur la partie industrielle) de mercredi dernier n’a rien provoqué sur les indices. Pas franchement alarmant, pas franchement bon, les indices US sont, eux, restés collés au plancher. C’est un point de vue qui n’est pas vraiment dans la tendance actuelle. Mais force est de constater que, de l’autre côté de l’Atlantique, les prévisions sont à tendance morose mais loin du catastrophisme. Joueraient-ils aussi au poker menteur du côté de Wall Street?
Le gros morceau de la semaine était donc le NFP. LA STAT parmi les stats. Comme d’habitude les chiffres sont tombés toute la semaine pour préparer le marché à… RIEN. Enfin, “rien”., disons “pas grand chose de nouveau”. Trop d’emplois et une baisse des valeurs de croissance.
Dès mercredi, le rapport JOLTS sur les nouvelles offres d’emploi rassurait les sceptiques avec un chiffre supérieur à un consensus qui veut systématiquement voir baisser les données macro-économiques. Mais voilà, l’économie américaine est costaude et rien ne renie ce mouvement depuis… des années (sauf la parenthèse Covid).
Jeudi, l’enquête ADP a confirmé cette tendance avec un chiffre particulièrement supérieur à notre fameux consensus en mode “je veux pleurer”. Les inscriptions au chômage ont donc entériné mon sentiment. Il n’y avait rien à attendre de nouveau ce vendredi sur le chiffre du NFP tant tous les signes annonciateurs convergeaient vers le “RAS”, le “Circulez, il n’y a rien à se mettre sous la dent pour les moroses”… Et, on n’a pas été déçu. Le chiffre a été très correct et, pour la Nième fois, supérieur au consensus. Les marchés ont alors fait leur habituelle danse du ventre pour décider, après 15 min de tergiversation, de filer vers les bas fonds, notamment le NASDAQ. Pour lui, retrouver des niveaux jamais revus depuis près de 30 mois devenait inéluctable. Les US vont trop bien, c’est mauvais pour les valeurs “croissance”. Non, je n’ai pas ripé. Explication: Emploi fort = Activité économique élevée = Inflation forte = Taux d’intérêts élevés = Dévalorisation du cash futur des entreprises = Baisse des valeurs “croissance”… Eh oui, le comble!!! Mais c’est comme ça.
Ainsi, la fin de semaine allait vers une clôture négative pour une 5ème fois consécutive sur le NASDAQ. Quand soudain, surgit de nulle part (bon, j’exagère, vu que nous l’avions bien mis en avant dans l’hebdo précédent) la statistique de l’ISM non-manufacturier. 16h… le drame: l’ISM des services décroche violemment et passe sous la barre des 50 alors que le consensus attendait 55. La crise économique est là. Le secteur des services passe en mode “on va tous mourir” (j’exagère encore une fois).
C’est à cet instant que les marchés, notamment le NASDAQ, et finalement l’ensemble des valeurs américaines, s’est retourné avec la même violence mais à la hausse. Pour les observateurs des taux US, l’accélération à la baisse ne s’est pas faite attendre non plus. Reprenons l’explication précédente mais à l’envers: Crise économique potentielle = Inflation faible = Taux d’intérêts faibles = Revalorisation du cash futur des entreprises = Hausse des valeurs “croissance”… Eh oui, le comble!!! Mais c’est comme çà (Déjà dit??? oui, je sais mais c’est valable dans les 2 sens.) Il faut tout de même se rappeler, et le marché s’en rappellera vite, qu’une crise risque de réduire les ventes des entreprises et, par voie de conséquence, tirer les cashs futurs à la baisse. Et, ici, on ne parle pas de leur valorisation mais de leur quantité brute. Dilemne, mais il sera bien relatif si le crise est bien une crisounette comme on en a parlé plus haut.
Bref, cette semaine totalement folle s’est conclue par un rebond de fin de semaine aux US assez prometteur pour les jours à venir au niveau du NASDAQ notamment, avec des objectifs de hausse peut-être encore faibles. Mais, vous l’avez compris, l’événement de la semaine n’a pas été vraiment macroéconomique. C’est la surperformance historique du marché européen sur le marché américain… La guerre a-t-elle changé de continent?
Perspectives pour les jours à venir
Cette semaine, promis, juré, ce sera plus calme du côté des statistiques économiques. Voici le tableau des chiffres à scruter (heure de Paris):
On écoutera le discours de Jérôme Powell ce mardi à 15h. Le moment important de la semaine sera plutôt ce jeudi avec les IPC américains qui, s’ils sont aussi baissier qu’en Europe, vont faire monter les indices “croissance” en flèche (depuis le temps que l’on attend, on est presque impatient). C’est le Royaume Uni qui fermera la semaine avec les chiffres de son activité économique… Là, on peut craindre le pire mais le marché s’y attend. Les vendredi 13 sont parfois bien malchanceux, mais en Bourse, la malchance n’existe pas.
Bonne semaine macro-économique à tous.