Bilan Hebdomadaire
Semaine des confiseurs, semaine de repos pour les macro-économistes. Mais la reprise est là, et bien là, avec des chiffres qui seront particulièrement scrutés, nous y reviendrons un peu plus bas. Voici les quelques chiffres de la dernière semaine de l’année passée, ils sont maigres mais pas vraiment dénués d’intérêt:
Malgré cette pauvreté statistique lors de ces fêtes de fin d’année, cette dernière semaine macroéconomique de 2022 a été marquée par une statistique qui doit nous alerter pour les mois à venir. Ce chiffre paru mercredi dernier à 16h est le rapport américain de l’Association Nationale des Agents immobiliers (NAR) sur les Promesses de Ventes de Logements. Il mesure la variation du nombre de logements sur le point d’être vendus (hors constructions neuves) mais dont la transaction finale n’a pas encore été effectuée. Ce rapport a rendu un nouveau chiffre décevant: -4% au lieu de -0,8% prévu par le consensus.
Un chiffre au milieu des autres n’a pas vraiment d’importance, certes. Mais prenons un peu de hauteur et regardons les chiffres de l’année passée de cet indicateur avancé de la santé du marché de l’immobilier américain:
Pas un chiffre positif sur les 12 derniers mois… Oups pardon, les chiffres de Mai 2022 ont vu le périscope du sous-marin sortir, le temps d’une statistique, sa lorgnette des bas-fonds abyssaux. Bref, le sursaut d’un poulet sans tête. Le marché de l’immobilier américain se dégonfle, il se dégonfle vite, très vite. La cause est évidemment la hausse des taux d’intérêt de l’autre côté de l’Atlantique. Les ménages en quête d’un nouveau logement accèdent de moins en moins facilement aux crédits immobiliers. A long terme, cela me semble révélateur d’une certaine modération salvatrice mais, à court terme, les conséquences sont inquiétantes. Juste inquiétantes, mais surtout pas désastreuses.
Alors pourquoi ne pas parler de krach immobilier pour le moment? Tout d’abord, les chiffres baissent mais sans emballement. Et puis, il faut bien admettre que le momentum était très élevé. Faire mieux était du domaine du délire, style 2007, vous devinez ce dont je parle. Ensuite, pour qu’il y ait krach, il faut un effondrement de la demande. Ce n’est pas le cas à ce jour. La raison en est simple, le pouvoir d’achat américain est juste écorné par l’inflation et les taux d’intérêt. L’américain travaille, il travaille beaucoup, il travaille comme jamais. Pas de chômage pour le moment. Enfin, le consommateur américain reste optimiste, toujours optimiste… et c’est tant mieux!
Bref, tout va le moins mal possible tant que les américains rentrent du salaire. Vous devinez, alors, qu’elle est le chiffre à regarder dans les prochains jours, les prochains mois… Ça tombe bien, cette semaine, il y a le NFP.
Perspectives pour les jours à venir
Le Non Farm Payrolls (NFP) mesure la variation du nombre de personnes employées aux USA, à l’exclusion des employés du gouvernement, de l’agriculture, de l’industrie des services domestiques, de l’autodéfense et du monde associatif. Cet indicateur est publié chaque mois par le Bureau of Labor Statistics (BLS), qui est une agence du département du Travail des États-Unis.
Le NFP est considéré comme un indicateur essentiel pour la santé de l’économie américaine, car il donne une idée de l’état du marché du travail et de la croissance de l’emploi dans le pays. Il est souvent utilisé par les investisseurs et les banques centrales pour évaluer la force de l’économie et prendre (ou influencer) des décisions sur les taux d’intérêt et la politique monétaire. Mais, il est surtout un indicateur avancé de la consommation des ménages américains qui reste LE pilier du dynamisme de l’économie américaine. Ainsi, le NFP est un formidable indicateur de la santé générale des Etats Unis et par voie de fait du monde entier.
Ainsi, comme vous l’avez compris, le NFP est LE chiffre à surveiller pour bien évaluer la situation précédemment évoquée. Sa publication aura lieu ce vendredi 6 janvier à 14h30, son nom dans ce tableau est “Création d’emplois dans le secteur non-agricole”. Un peu réducteur, je vous le concède. On voit tout de même que la prévision est de 200000 créations, un chiffre qui baisse, un chiffre modeste, le consensus sent bien la bise venue du froid récessionniste. Espérons qu’en ce jour de l’Epiphanie, la galette ne soit pas sans fève sous peine de nous retrouver sans roi… j’ai nommé sa Sainteté “croissance économique”.
Toutefois, n’occultons pas trop vite le reste de la semaine. Les PMI britanniques toujours aussi alarmants pourraient secouer le marché dès ce mardi matin, jour de reprise sur la planète “Finance”. Aux USA, les ISM manufacturiers (mercredi 16h) et non-manufacturiers (vendredi 16h) seront à scruter de près. Attention à la gueule de bois d’après fêtes…
On sera attentif, très attentif, mercredi soir après la clôture des marchés européens, aux Minutes de la FED, autrement dit, au compte-rendu de la réunion du FOMC du mois précédent. Il y apparaît parfois, souvent, des termes et des tournures de phrases bien étudiées qui peuvent faire bouger les marchés US. Là aussi, attention au mal de tête suite à ces fêtes dont vous avez grandement profité. Eh oui, il n’est pas impossible que l’orgie monétaire de ces 3 dernières années et toutes ses conséquences inflationnistes et perturbatrices se rappellent à notre bonne vieille économie dont on ne peut pas dire qu’elle soit fringante en cette nouvelle année.Bonne semaine de reprise à tous.