Au cours des 100 dernières années, la population mondiale a explosé. Evidemment le continent africain n’a pas fait exception. Ainsi, en 120 ans, la population africaine a décuplé (de 140 millions à 1,4 milliards d’habitants). Mais voilà, pendant que la croissance de la population s’est fortement ralentie dans de nombreuses régions de cette planète, l’Afrique comptera 4 milliards d’âmes en 2100 et représentera 33% de la population mondiale contre 17% actuellement. Des mégapoles apparaissent déjà partout en Afrique. Imaginez qu’aujourd’hui Le Caire (Egypte) et Lagos (Nigéria) sont chacune 2 fois plus peuplées que l’Ile de France. Oui, oui, vous lisez bien… Près de 24 millions chacune. Le temps de lire cet article, ces chiffres sont déjà erronés. Cette croissance toujours exponentielle représente des défis majeurs pour un continent hétéroclite sur les plans politique, culturel et social.
Globalement, le développement économique est très influent sur la dynamique démographique d’une région. La qualité du système de santé, l’accès à l’éducation ou encore la contraception, les croyances, la condition féminine déterminent les courbes démographiques. Basiquement, plus le pays est sous-développé, plus la natalité est forte. Ainsi, l’Afrique sub-saharienne prévoit un triplement de sa population à l’horizon 2100.
Alors vous me direz que le développement économique a toujours été étroitement lié à l’expansion démographique. Certes. Mais faut-il être capable de mettre les moyens sur la table pour l’éducation des ces jeunes populations. Faut-il être capable d’offrir une infrastructure économique créatrice d’emploi et garantissant la sécurité de chacun… Hélas, le seul rempart à cette pauvreté extrême est la criminalité, l’extrémisme religieux ou certains groupes armés. Vous devinez comment les gouvernements sont continuellement en train de se battre contre leur propre population au lieu de leur donner une chance. Les rebelles sont légions, les guerres civiles sont fréquentes. Je vous laisse imaginer ce que donnerait une population triplée dans ces mêmes zones avec des problèmes grandissants d’accès aux ressources de base que sont la nourriture, l’eau et l’énergie.
L’exode des cerveaux ne fera que s’amplifier. Le chômage est massif même pour les africains de 15 à 35 ans. Seul ⅓ d’entre-eux a un travail stable et correctement rémunéré. Plus de 80% des jeunes ne sont pas rémunérés… Esclavage??? Pensez vous qu’avec 3 fois plus de bouches à nourrir, l’Afrique arrivera à donner du travail et un niveau de vie correct à tout le monde? Evidemment, non. Aucune perspective positive, hélas…
L’émigration devient la seule porte de sortie. Au détour d’une vidéo que je regardais sur les grands enjeux de la fin du XXIème siècle, Nicolas Sarkozy , déjà ancien président de la république française, expliquait en quelques mots la situation: “La crise migratoire n’a pas commencé, elle est à venir.” Vous devinez alors ce que cela va être. L’émigration augmente déjà fortement, quasiment vers une seule destination: l’Europe. Mais dites-moi? Comment expliquer à ces hommes et femmes démunis de retourner au pays, là où rien n’est possible? Ou la guerre civile fait rage?Ou la famine les guette à chaque saison? Humainement compliqué n’est-ce pas? La migration au sein même de l’Afrique pourrait être envisagée, mais seulement à la marge… Le pays voisin est souvent aussi démuni que celui d’origine. Rien à perdre. L’Europe, il n’y a pas vraiment le choix finalement.
55 pays se partagent l’ensemble du continent africain.
En Europe, le sujet devient majeur, pour les gouvernements mais de plus en plus pour les populations autochtones. Les partis populistes exploitent le filon du laxisme de l’Etat. L’homme ayant une appétence pour la territorialité de son espace de vie, vous devinez la suite. Le bulletin de vote devient une arme redoutable pour ces populations inquiètes du lendemain. Ainsi, les polonais, les hongrois et, depuis peu, les italiens ont basculé vers un gouvernement populiste de droite. La Slovaquie, la Lettonie et la Suède ont plus ou moins intégré ces partis dans leur gouvernement. D’autres voient ces mouvements “anti-immigration” prendre part grandissante dans le débat public en France, en Allemagne et même en Espagne. Vous comprendrez que ces mouvements ne sont pas de passage dans le paysage politique européen. Ils s’installent durablement. Mais vu l’ampleur du phénomène à venir, c’est l’ensemble du monde développé qui devrait se mettre en alerte dans les années à venir.
Le populisme monte dans toute l’Europe.
Mais, voilà, à qui s’adresser pour apporter des solutions? Les gouvernements corrompus, les dictateurs nombrilistes, les institutions défaillantes sont, hélas, pléthores. Comment être pertinent avec des aides détournées de leurs objectifs, des projets qui n’aboutissent pas faute de relais fiables sur le terrain? Notre audience africaine serait certainement la première à nous déconseiller d’avoir confiance dans ces “institutions”. Et je vous épargne les pensées anti-occidentales (compréhensibles) qui ne veulent pas d’une nouvelle forme de colonialisme. Bref, c’est inextricable.
Traverser la méditerranée n’est pas gage de réussite.
Difficile, ici, de se faire donneur de leçon tellement le problème est gigantesque et quasi insoluble. Il est juste important, et c’est le seul objectif de cet article, de prendre conscience de l’ampleur des enjeux. Nous courons au drame humain… La question n’est plus de savoir si cela aura lieu mais où et quand. Imaginez bien que seule une partie des 17 millions de syriens ou, plus proche de nous, seule une fraction des 43 millions d’ukrainiens ont mis à mal l’équilibre migratoire de l’Europe… Alors, imaginez… quelques centaines de millions d’africains…
Bonne journée à vous.