L’année 2022 aura été synonyme de grandes perturbations sur les marchés. Ainsi, les indices boursiers ont subi une des 5 plus fortes corrections observée depuis 1990. Dans le même temps, l’or a confirmé une deuxième année de stagnation après une forte hausse induite par les tensions géopolitiques. De son côté, l’euro a été lourdement pénalisé par les décisions politiques. La forte chute de l’euro en 2022 remet en question la stabilité future de la monnaie unique. Aussi, la perspective d’une récession en Europe se dessine tandis que l’inflation soutenue devrait se maintenir pour de nombreux mois encore.
Indice cyclique du Dow Jones
Le graphique ci-dessous montre le niveau actuel du Dow Jones à partir d’une base 100 en 2019 (courbe discontinue en bleu), ainsi que la moyenne de l’ensemble des phases passées depuis 1995 (courbe noire). On remarque, malgré le krach du COVID, la présence d’une grande symétrie entre les tendances actuelles du Dow Jones et la moyenne de ses tendances historiques. Récemment, la correction des marchés a présenté une grande symétrie avec l’évolution passée des cours. Cependant, la correction a été plus intense et rapide d’un point de vue historique.
En ce sens, il est probable que l’on reste dans une pression baissière persistante pour 5 à 6 mois encore. En d’autres termes, il est tout à fait probable d’envisager de nouveaux plus bas jusqu’en février ou mars 2023. Cette analyse semble par ailleurs cohérente avec la cyclicité du CAC 40, qui montre des signaux similaires. Si toutefois il en est ainsi, l’année 2023 pourrait marquer la sortie progressive d’un spectre baissier puissant.
Evolution de l’or
L’or n’est pas en reste. Nous avons appliqué la même méthode au cours de l’or, en représentant le niveau actuel du cours de l’or (base 100 en 2013) avec la moyenne du cours de l’or depuis les années 1960. On remarque, là encore, que l’évolution récente du cours de l’or est très symétrique avec ses évolutions passées. Ainsi, le nouveau creux récent de l’or vers 1 700$ l’once est un creux naturellement observé autour des 96 % du cycle de 9 ans de l’or. La perspective sur l’or est ainsi similaire à celle des actions.
En effet, l’année 2023 représente sur notre graphique le premier dixième du cycle de 9 ans de l’or. Cette période marque généralement des performances plutôt haussières qui marquent le retour dans une configuration haussière de long terme. Ainsi, on peut s’attendre à ce que les mouvements de l’or soient encore assujettis à des pressions baissières jusqu’au début du printemps 2023. Par la suite, il serait statistiquement imaginable de voir le retour d’une phase haussière. Pour rappel, l’or a performé de plus de 20 % en 2019 et en 2020. Les années 2021 puis 2022 ont marqué la phase descendante de ce cycle de surperformance.
Enfin, malgré la stagnation des cours, l’or a progressé deux fois plus vite que l’inflation pour les Etats-Unis et 5,5 fois plus vite pour la France depuis 2019. Le fait que les investisseurs européens en or aient vu leur investissement progresser plus vite qu’ailleurs est aussi synonyme d’une triste réalité pour la zone euro.
L’euro sera-t-il toujours aussi faible ?
En ce qui concerne l’euro, la situation est préoccupante. Si l’on reprend l’évolution de long terme de l’euro, alors il est probable qu’on est rompu une ligne de tendance majeure (en rouge sur le graphique). La figure de rounding top en 2021, le bas du canal baissier depuis 2008, le retracement à 61,8 % de Fibonacci, donnent tous le seuil clé autour des 0,94//0,95 sur l’EUR/USD. La perspective pour l’euro est aussi une perspective historique. L’espérance de vie d’une monnaie est de deux à trois décennies, avec de nombreuses monnaies qui peuvent exister deux décennies au plus, lorsque les autres perdurent des siècles. Les prochaines années auront un aspect déterminant pour l’euro. Cela dépendra en particulier de la situation de l’Allemagne, de sa stabilité commerciale et de sa capacité à faire tourner son industrie dans les prochaines années.
Dès lors, il est tout à fait possible d’imaginer des rebonds de court terme du change de l’euro dans les prochains mois. Cependant, la tendance à long terme reste fortement baissière (comme le montre notre indicateur fractal en arrière-plan noir). Aussi, la perspective d’une récession dans les prochaines semaines et mois en Europe, ainsi que le maintien voire l’accélération de l’inflation avec la seconde hausse du prix des énergies, pourrait causer de lourds dommages à la monnaie unique.
Dans tous les cas, la fin d’année 2022 devrait globalement marquer la continuité d’une pression baissière encore accrue et de risques politiques et économiques encore importants. L’étude statistique laisse quant à elle suggérer une possible évolution de cette conjoncture d’ici un ou deux semestres.