La semaine dernière a été marquée par une exacerbation des tensions entre la Chine et Taiwan, suite à la visite de Nancy Pelosi, 3ème personnage dans l’ordre protocolaire de l’état américain. A l’origine de ces tensions, il y a bien sur la volonté politique de la Chine que Taiwan soit une province chinoise à part entière, une volonté politique basée sur l’histoire mais aussi sur des considérations économiques.
En effet, faisons une comparaison entre les chiffres économiques du géant chinois et de son minuscule voisin insulaire taiwanais.
La Chine compte 1.4 milliard d’habitants et réalise un PIB de 18500 milliards de dollars.
Taiwan compte 23 millions d’habitants et réalise un PIB de 680 milliards de dollars.
On voit d’emblée que le PIB par habitant de Taiwan est bien plus élevé que celui de la Chine. En effet, tandis que la Chine compte 61 fois plus d’habitants, son PIB est seulement 27 fois plus élevé. En effet, on peut retenir, comme ordre de grandeur, que le PIB par habitant de la Chine est de l’ordre de 10.000 dollars tandis que celui de Taiwan est plutôt de l’ordre de 23.000 dollars, ce qui classe l’ile juste derrière un pays de l’Europe comme l’Espagne.
Les enjeux économiques semblent donc évidents de vouloir intégrer Taiwan, ce qui réhausserait le PIB ar habitant moyen de la Chine.
En allant sur des considérations plus micro-économiques, il est intéressant de voir que ce formidable développement de Taiwan a été réalisé sans que l’île ne dispose de ressources naturelles enviables. Au moins, ce qui s’est passé la semaine dernière n’a pas induit, contrairement au conflit ukrainien, une pénurie sur les denrées alimentaires; au contraire, les prix des matières premières ont même fortement baissé, revenant à leur niveau du mois de janvier. Par contre, le blocus de l’île par la Chine qui a effectué des manoeuvres militaires pour impressionner, a paralysé le trafic maritime et donc le commerce mondial. En effet, lors des sept premiers mois de l’année 2022, près de la moitié des porte-conteneurs du monde sont passés par le détroit de Taïwan, selon des données compilées par Bloomberg. C’est énorme et heureusement que cela n’a pas duré.
Cela concerne d’ailleurs en particulier le commerce des semi-conducteurs, de pus en plus indispensables dans l’économie mondiale et qui étaient déjà dans une situation de pénurie. En effet, l’une des forces de l’économie de cette ile peuplée de chinois, et que la Chine revendique, ce sont les semi-conducteurs. La production se fait à travers un géant mondial, TSMC, dont le titre, coté sur le Nasdaq, a sévèrement dévissé ces derniers temps comme on peut le constater sur le graphique suivant :
En fait, si ce titre a dévissé c’est car les investisseurs craignent qu’une invasion de la Chine, qu’une annexion pure et simple, entraine de facto une nationalisation forcée et une prise de controle de cette société florissante valorisée à plus de 400 milliards de dollars (soit plus que LVMH).
Car l’un des enjeux de ce conflit, c’est aussi bel et bien celui des semi-conducteurs, dont la monde dépend de plus en plus…