Alors que la guerre a précipité une hausse de l’or allant jusqu’à +9%, l’or semble désormais revenir sur ses précédents niveaux de prix. Pour rappel, la Russie fournit plus de 30% de l’offre mondiale d’or physique. En euros, l’or a atteint de nouveaux sommets historiques et poursuit son maintien au-dessus du précédent sommet de 2020. La dévaluation de l’euro est donc extrême bénéfique à l’or et limite la phase de latéralisation des prix que l’on connaît outre-Atlantique. Quels sont alors les facteurs qui expliquent cette rechute du prix de l’or ? Quelles sont les perspectives probables des prochains mois ?
L’or rebondit après la décision de la FED.
Après la décision de la FED, l’inflation va resterdurable ?
Mercredi 4 mai, la FED a décidé de remonter ses taux directeurs de 50 points de base , passant de 0,25% à 0,75%. Si la FED poursuit une hausse de taux de 0,25 points par réunion, le taux directeur de la FED pourrait dépasser les 2% d’ici la fin d’année. Néanmoins, cette hausse de taux ne devrait pas suffire à stopper rapidement l’inflation, ce qui limite les risques récessifs. Les marchés boursiers ont salué positivement cette décision. Dans la foulée, l’or a gagné 1% en l’espace de quelques dizaines de minutes. Ce signal contradictoire montre que les investisseurs s’attendent à ce que l’inflation reste durable.
Enfin, nous avons montré que l’inflation induite par lesmatières premières représente tout juste la moitié de l’inflation actuelle. De plus, seule 18% de toute l’inflation actuelle en zone euro est le fait de la guerre en Europe. L’inflation restera durable si (1) la guerre se poursuit, (2) si des politiques expansives sont maintenues et si (3) les tensions structurelles sur l’offre de matières premières reste durable. En ce sens, une diminution de l’inflation de 40% à 50% serait déjà très significative.
2022 : l’année de toutes les symétries pour l’or.
Dans une publication sur OR.FR, nous avions montré que la cyclicité de l’or respectait un schéma d’évolution qui tenait à montré la forte probabilité de figure technique « en montagne ». En effet, à cette période du cycle, l’or connaît souvent un fort déblocage haussier qui le pousse souvent vers de nouveaux records, avant de corriger d’autant ou presque. Nous demeurons encore dans la figure anticipée depuis 2021. La réaction de l’or ses derniers mois correspond à une figure historique régulière.
Enfin, l’or exprimé en euros reste sur des records historiques. Face au précédent record de l’or en août 2020, à 1790€ l’once, l’or a atteint un nouveau sommet à plus de 1900€ l’once en mars 2022. La baisse de l’or aux Etats-Unis est ainsi limitée en Europe par la chute de l’euro. La dévaluation de l’euro est très bénéfique aux détenteurs d’or en zone euro. La décision récente de la FED, de remonter ses taux avec une grande rapidité, va à l’encontre des politiques de la BCE. La BCE ne semble pas bouger face à l’accélération de l’inflation. En ce sens, l’euro devrait continuer à subir des pressions baissières structurelles.
Forte résurgence des compagnies minières !
La hausse du cours de l’or, dans un contexte de restriction de l’offre mondiale, s’est avant tout traduit par la forte hausse des compagnies minières occidentales. Ainsi, le cours de la célèbre compagnie Barrick Gold a augmenté de plus 30% à partir du début de la guerre. De même, Newmont Mining a par exemple connu des performances supérieures. Les compagnies minières ont donc profité à court et moyen terme de la guerre. Mais la pérennité de la hausse du cours de l’or peut être remise en question à moyen terme.
De fin mars jusqu’à début avril, la banque centrale Russe a de nouveau autorisé l’achat d’or, en rachetant en particulier de l’or au prix de 5000 roubles, c’est-à-dire jusqu’à 15% sous de prix mondial de l’or. Au départ, la Russie craignait une pénurie d’or du fait des difficultés bancaires. Désormais, la Russie favorise les achats internes pour soutenir les compagnies minières. Certaines compagnies comme Polymetal cherchent déjà à relancer l’export à l’international.
Le cas du palladium.
Dès l’automne 2021, nous avions détecté un puissant signal d’achat sur le palladium. Pour rappel, le palladium est un métal principalement utilisé dans l’industrie automobile (80% de la demande pour les catalyseurs). Le palladium a performé de plus de 50 % dans les trois semaines qui ont suivi l’invasion Russe en Ukraine. Le palladium a ainsi établi un nouveau sommet historique à 3 430$ l’once, bien au-delà du précédent record de 2021 à 3 000$ l’once. En effet, il faut rappeler que le palladium demeure plus cher que l’or et que le palladium est le métal dont le monde est le plus dépendant envers la Russie (la Russie représente autour de 40% de la production mondiale).
Désormais, la baisse des ventes dans l’industrie automobile et la rupture de certaines chaînes de production, comme les usines Renault en Russie, ont encouragé une détente sur le cours du métal gris.