Le mécanisme de l’augmentation de capital fait régulièrement les gros titres en bourse en raison de l’impact dilutif qu’il entraîne pour les actionnaires. Notamment ceux qui n’ont pas la faculté ou les moyens de participer à l’opération. Toutefois, il existe un autre outil connu sous le nom de « réduction de capital » qui, lui, vise à procurer aux détenteurs de parts, un effet relutif.
Dans cet article, nous allons nous attarder sur ce que signifie une réduction de capital. S’il faut la craindre ou au contraire y voir un signe positif. Et enfin nous étudierons les conséquences pour les actionnaires de la société cotée.
Définition d’une réduction de capital
Contrairement à une réduction de capital qui vise à apurer les pertes d’une société en diminuant la valeur nominale de ses actions, la réduction de capital dont il est question ici a pour but d’augmenter la valeur de chaque part détenu par les propriétaires de l’entreprises (les actionnaires).
La procédure implique d’annuler ou supprimer une partie des actions qui composent le capital de l’entreprise. Il faut donc que celle-ci détienne les actions (auto-détention).
Qui peut déclencher une réduction de capital ?
Une réduction de capital doit faire l’objet d’un vote lors d’une assemblée générale exceptionnelle (AGE) pour être autorisée. Pour cela, un rapport des commissaires aux comptes est porté à la connaissance des actionnaires. Ceci, au moins 15 jours avant la tenue de la réunion.
Lors de l’AGE, le quorum nécessaire pour que la résolution soit prise en compte est de ¼ lors d’une première convocation (1/5 si besoin d’une seconde convocation). Et d’une majorité des 2/3 des voix.
Les créanciers ont alors 20 jours pour s’opposer à l’opération au Tribunal.
En l’absence d’opposition, la société peut procéder à la diminution (ou l’annulation) d’une partie de ses propres actions. Ceci, après publication au journal officiel et au Bodacc. La société devant en parallèle aviser Euronext en accord avec les dispositions du Livre I chapitre 6 du règlement : « informer de manière préalable et par écrit l’Entreprise de Marché d’Euronext de tout fait ou circonstance qui peut affecter ses activités de négociation sur les Marchés d’Euronext »
Quelles conséquences pour les actionnaires ?
Lorsqu’une entreprise cotée en bourse entame une démarche en vue d’annuler une quantité définie de ses propres titres, elle permet à ses actionnaires de bénéficier d’un effet relutif.
Pour bien comprendre ce mécanisme, il est nécessaire de rappeler qu’en dehors de sa valeur comptable (sa vraie valeur) une société cotée dispose également d’une valeur boursière. Celle-ci étant le reflet des estimations réalisés par le marché (l’offre et la demande). Il s’agit de sa capitalisation boursière.
Celle-ci est calculée de la manière suivante :
Capitalisation boursière = Nombre de titres en circulation x prix de l’action
Dans ces conditions, si le nombre de titre en circulation diminue alors que la valeur de la société reste inchangée, cela doit se traduire par une progression du prix de chaque action.
Un exemple chiffré
Prenons le cas de la société Y qui possède 1000 titres en circulation et dont le prix de l’action est de 10€. La société est donc valorisée 10 000€ sur le marché (1 000 titres x 10€).
Quelques semaines auparavant, l’entreprise a acquis 100 titres sur le marché. Elle ne compte pas utiliser les titres (dans le cas d’une opération publique d’échange par exemple) et souhaite procéder à une réduction de capital.
Après l’opération, la société possède désormais 900 titres en circulation. Comme sa valeur n’a pas changé, le prix de l’action devrait rejoindre (en théorie) un prix de 11.11€ selon la formule :
10 000€ = 900 titres x prix de l’action
Prix de l’action = 10 000€ / 900 titres
Prix de l’action = 11.11€
Les actionnaires sont donc les grands bénéficiaires de cette opération. Même si la hausse du cours du titre n’est pas assurée. Le marché devrait finir par intégrer cette information dans le cours sur le long terme.
Conclusion
Une société cotée qui réalise un rachat d’action est souvent bien vu de la part des actionnaires. En plus de soutenir le cours de bourse à court terme, cette opération implique bien souvent une réduction de capital.
De nombreuses sociétés cotées se lancent dans des réductions de capital chaque année. À titre d’exemple, Totalenergies a annulé 0.88% de son capital en février 2021 après un programme de rachat d’actions de 5 Mds réalisé entre 2018 et 2020.
Ce type de mécanisme a donc le don d’attirer les investisseurs qui y voient une opportunité de faire fructifier leur capital.