On ne peut pas parler de la reprise sans parler de l’épargne. Cette dernière a bondi depuis le début de la crise sanitaire. En France, ce sont presque 160 milliards d’euros d’épargne additionnelle qui, selon l’Observatoire français des conjonctures économiques, viennent garnir les comptes en banque, les assurances-vie, les livrets, les PEA, etc. Cette épargne restera-t-elle à jamais sur les comptes en question ? Une partie le restera c’est évident, la France étant par nature un pays devenu pessimiste au fil des ans. Un pessimisme qui bat des records avec la crise sanitaire. Ainsi, un sondage Harris Interactive du début d’année montrait que 82% des Français estimaient avoir passé une année 2020 négative, tandis que 57% se disaient pessimistes pour l’année 2021. Des niveaux records.
Or, ce sont les pays les plus pessimistes qui ont les taux d’épargne les plus élevés. En effet, moins on croit en un avenir radieux, plus on accumule les richesses pour faire face à cet avenir.
Le taux d’épargne en France était de l’ordre de 16% avant la crise. Ce qui était déjà très élevé (pour comparaison le taux d’épargne aux Etats-Unis était autour de 7%.
En France, le taux d’épargne est monté à plus de 20% aujourd’hui. En supposant qu’avec la reprise économique, et le regain de moral de la population qu’il entrainerait, il finisse par retrouver ses moyennes historiques, autour de 15 ou 16%, cela signifierait qu’une part de cette épargne ira dans l’économie.
Mais où ira-t-elle ?
Les modèles économiques montrent que la désépargne se répartit entre consommation et investissement. L’achat d’un bien immobilier étant, rappelons-le, un investissement et non un acte de consommation. L’immobilier devrait encore avoir de beaux jours, même avec une hausse des taux (à condition qu’elle demeure légère) car la part des apports dans les acquisitions est de plus en plus conséquente (ce qui se comprend compte tenu des taux d’épargne). Quant à la consommation, de nombreux observateurs pensent que les biens industriels auront plus la cote que les services. Une fois passée la frénésie du retour aux cafés, bars, restaurants, les français ne vont pas consommer plus qu’avant dans ces lieux. Surtout avec l’inflation que l’on peut partout constater depuis la réouverture, et qui n’ira pas en arrière. En revanche, des renouvellements de biens de consommation industriels (électroménager, voitures, entretien du logement) sont à prévoir. Mais aussi un retour, à court terme du moins, vers les loisirs qui ont tant manqué (piscines, sport, culture, etc).
Ainsi, la hausse de la consommation de biens d’équipement par les ménages, si elle se produisait, entrainerait un regain de chiffre d’affaires des entreprises en question, qui pourraient investir ce supplément. Pour acheter des locaux, des biens de production ou tout simplement d’autres entreprises…
Voilà comment la reprise pourrait avoir lieu. Comme on le constate, le sort que les particuliers réserveront à leur épargne en est une des clés. Or, le moral de ces derniers conditionnant le sort de cette accumulation de richesse, c’est en définitive le moral des français qui sera une des clés de la reprise.