La crise du COVID a fortement renforcé l’or, mais aussi et surtout l’argent métal, qui gagne près de 150% sur un an. De son côté, le pétrole a été très fortement touché par cette crise économique. Le niveau des 60$ le baril suffit juste à apaiser les tensions qui pesaient encore sur une partie de l’offre mondiale de pétrole. Point sur l’or, l’argent, le pétrole.
L’argent métal maintient ses records…
L’argent métal présentait depuis de très nombreuses années une sous-valorisation marquée en comparaison à l’or. Cet écart de valorisation s’est réduit fortement ces derniers mois avec une hausse de l’argent métal de près de 150% sur les 12 derniers mois.
L’industrie représente 51% de la demande totale d’argent physique, la bijouterie 20% et l’investissement 19%. En comparaison, la demande d’or est assurée à 48% par la bijouterie et à 30% par l’investissement. La forte hausse de l’argent s’explique à la fois par son caractère refuge en temps de crise mais aussi en grande partie par la demande industrielle.
Les signaux techniques restent globalement bien orientés tandis que l’argent métal s’inscrit dans un processus de rattrapage de valorisation. La demande d’argent physique est fortement alimentée par le photovoltaïque (10% de la demande totale), les batteries de véhicules électriques, ou encore plus récemment la 5G, etc… L’élection de Joe Biden aux États-Unis avec la diffusion du plan de relance est souvent pointée comme un facteur de hausse du prix de l’argent dans le canal des 24,00$/26,00$.
Les tentatives de spéculations des investisseurs particuliers à la suite de Game Stop début février n’ont eu que peu d’impact concret sur les cours. Bien que ces manipulations aient poussé les cours sur les records d’il y a près de 8 ans, le dernier sommet s’établit à presque 30,1$ l’once. L’argent métal reste en effet un actif bien plus liquide et très répandu chez les institutionnels.
L’or se pause doucement.
Depuis le point bas des taux souverains à l’été 2020, l’or a enclenché un processus correctif pour se poser sur la résistance de 2012. Cette correction s’explique par la hausse des taux réels du fait de la reprise économique que nous pouvions anticiper. (Thomas Andrieu : « L’or reste structurellement gagnant à très long terme » – YouTube). En effet, l’or est un actif très corrélé aux taux réels (voir graphique ci-dessous), c’est-à-dire les taux ajustés de l’inflation.
Tant que les États continuent à émettre massivement des obligations, la tendance globale sur les taux souverains devrait se maintenir. Les tensions sur les taux sont une caractéristique de la période de reprise économique (début 2020-printemps 2022). Ce qui peut traduire la persistance de phases correctives sur l’or avec la hausse des taux réels, surtout si l’inflation reste contenue.
La correction des derniers mois semble être une correction du type 2008 et 2013, combinées. La correction de 2008 sur l’or avait même été d’une ampleur plus forte encore, mais le rattrapage du cours de l’or qui a suivi a également été puissant. Aujourd’hui, la reprise de la croissance sera très forte dans un premier temps, avant de ralentir de manière assez significative par la suite (post-2022).
L’or semble montrer d’importants signes de support économiques entre 1550$ et 1650$ l’once. Il est donc pour l’heure très peu probable d’imaginer une correction de plus de 40% par exemple de l’or dans les prochaines années. Pour l’instant, l’or reste fort et devrait globalement le rester si la correction des taux réels est contenue.
La figure économique qui semblerait se poursuivre ressemble plus au maintien d’un or fort (2022-2024) à la suite de ces phases correctives du fait des taux réels (2020.7/2021.8). Ce qui s’explique en raison des projections de croissance économique avec un pic de croissance par effet de rattrapage en 2022. Dans le scénario actuel, le maintien d’un or fort précèderait ainsi d’autres mouvements de taux directeurs en 2024 puis 2026, et probablement une nouvelle phase de reprise des cours avant la fin de cette décennie.
Reprise du pétrole et conjoncture économique
Graphique du BRENT OIL et des taux US à 10 ans | Source : tradingview.com
Le graphique ci-dessus montre clairement le retour du BRENT sur les niveaux d’avant crise. Il est aussi intéressant de noter la comparaison entre la chute de 2008 et de 2020. Dans les deux cas historiques, le BRENT a décroché de près de 75% en 5 mois. Le pétrole est un actif qui réagit très fortement aux ralentissements économiques. On notera également la forte corrélation entre taux souverains et pétrole. Effectivement, le pétrole comme les taux américains sont revenus sur les niveaux d’avant crise ces derniers mois.
Enfin, dans les prochaines années, de nombreuses projections tendent à montrer que l’offre de pétrole en volumes pourrait tendre à stagner. Statistiquement, cela résulte dans des risques de forts mouvements de prix (le prix du pétrole reste stable quand les volumes sont en croissance, du côté de l’offre et de la demande).
De plus, le secteur pétrolier est très endetté. D’après la BRI en 2015, la dette mondiale du secteur gaz et pétrole s’élevait à 2 500 milliards de dollars en 2015, ce qui est considérable. De tels niveaux de dettes avec de faibles prix conduisent à la diminution chronique des investissements en pétrole et gaz. Les investissements en gaz et pétrole ont encore diminué de près de 1/3 en 2020 :
Investissements en gaz et pétrole (2010-2020) | Source : iea.org