Les marchés financiers ont franchi l’hiver sans grande correction et terminent même sur une note optimiste. Les perspectives économiques se clarifient avec le plan de relance américain et la diffusion des vaccins. Nous entrons maintenant dans une période de « normalisation » économique qui va influencer l’évolution des marchés à moyen terme. L’enjeu sera donc maintenant de surveiller ces signaux de reprise.
L’économie face aux réajustements
La reprise se confirme
Ces dernières semaines, l’indice PMI (indicateur d’activité) de la zone euro sur l’industrie manufacturière a montré un clair rebond, dépassant les niveaux d’avant crise, ce qui n’est pas le cas pour le PMI sur les services. L’économie reste donc soumise à d’importantes distorsions et le maintien de la crise économique (restrictions, difficulté de reprise de certains secteurs…) devrait persister sur toute l’année 2021.
PMI Manufacturing Zone Euro | Source: tradingeconomics
Dans le même temps, le plan de relance aux États-Unis représente près de 9% du PIB. Ce qui est inédit. Cela suggère des émissions obligataires massives pour les 12 à 18 prochains mois. Les marchés restent ainsi confiants sur l’état de l’économie pour les prochaines deux à trois prochaines années. Les inquiétudes sur la balance commerciale sont ainsi presque inexistantes tandis que le dollar tend à montrer un signal de rebond (+2,2% sur l’indice dollar depuis le 1er janvier 2021).
De telles injections de liquidités sont inédites, à tel point qu’elles peuvent directement servir au remboursement de dettes privées ou au maintien durable d’un surplus d’épargne. Nous vivons ainsi dans une période de hausse sans précédent des dettes publiques, ce qui peut à long terme provoquer un choc négatif sur la croissance, austérité ou non.
United States: balance of trades | Source: tradingeconomics
Le contexte monétaire au cœur des marchés
L’intensité des politiques monétaires ces derniers mois reste encore très forte. Néanmoins, l’intensité des politiques monétaires décroît lentement depuis la fin du printemps 2020. Les émissions obligataires massives des gouvernements sont sans précédent historique. Le risque majeur est de se retrouver face à une situation de trappe à liquidités comme ce fut le cas en septembre 2019 (débouchant en partie sur le krach de 2020 avec des émissions publiques record et des politiques monétaires stables).
La hausse des taux devrait encore être une constante pour les 12 prochains mois. Le US 10 ans a montré des signes de stabilisation ces dernières semaines même s’il reste sur des niveaux élevés d’avant crise (1,61%). L’incapacité des banques centrales à générer des taux durablement négatifs permet aux marchés de profiter d’un afflux de liquidités sans pour autant avoir des conséquences sur la solvabilité et la croissance. Écrit autrement, tant que les taux sont orientés dans un processus haussier sans retournement de tendance, les risques de corrections des marchés sont faibles.
Inflation… Quels risques concrets ?
L’ampleur des plans de relance, les pertes en productivité du fait de la crise sanitaire, et la hausse des coûts sur les matières premières sont souvent pointés comme des facteurs inflationnistes. Sur les premiers mois de 2021, il semblerait effectivement que l’inflation s’engage dans un processus haussier. L’inflation US (mesurée ici sur l’axe de gauche) tend à se rapprocher des 2% sur le mois de février 2021 (1,7% contre 1,4% en janvier 2021), tandis que l’inflation en zone euro tend à se rapprocher des 1%.
Cet écart s’explique essentiellement par le fait que la reprise économique en Europe est moins marquée et plus difficile qu’aux États-Unis. Les peurs inflationnistes ont provoqué quelques sueurs froides sur le marché de la tech (structurellement déflationniste). L’enjeux sera donc de savoir s’il s’agit actuellement de la résurgence d’une bonne (hausse de la demande) ou d’une mauvaise inflation (par les coûts).
Historiquement, la hausse de l’inflation provoque la hausse des taux et une correction sur le marché obligataire. Statistiquement, une très large majorité des corrections obligataires sont suivies par une correction sur les marchés actions (voir article). La hausse de l’inflation n’est donc une menace de court voire moyen terme, mais peut le devenir si elle s’intensifie et/ou devient durable.
Globalement, les scénarios de croissance mondiale vont de 5,6% pour l’OCDE à 6,3% pour des prévisionnistes comme Christophe Barraud. Ce qui reste important et très intense. L’amélioration de la visibilité économique ces derniers mois semble avoir favorisé le maintien d’un calme imperturbable sur les marchés financiers (indice VIX sous les 20). Un contexte inflationniste est pour l’instant la confirmation d’une reprise au niveau mondial, ce qui est globalement positif dans l’immédiat.
Conclusion
En définitive, les signaux de reprise semblent se confirmer sur le premier trimestre 2021. Bien que cette reprise reste contrastée, les marchés conservent une position optimiste. La hausse des taux et de l’inflation est caractéristique d’une phase de valorisation globale des actifs privés (matières premières, actions, etc.). La dynamique actuelle est le résultat d’un processus de « normalisation » économique, qui devrait encore durer 12 à 18 mois. Il semblerait que les marchés bénéficient de cette normalisation qui reste donc à surveiller de près. De nouveaux réajustements économiques peuvent conduire à des retournements de marchés.