Alors que les taux se tendent aux Etats-Unis (le taux obligataire à 30 ans est monté a dépassé les 2% ce 8 février 2021), que le PIB américain a encaissé en 2020 sa plus forte contraction depuis la fin de la seconde guerre mondiale, qu’il est de même dans la plupart des pays (dont la France, avec des baisses bien plus marquées*), la perspective d’un retour de l’inflation pointe actuellement le bout de son nez et anime les débats des économistes.
L’incertitude sanitaire demeure, les risques de confinements s’amplifient avec l’émergence des variants et les psychoses médiatiques qu’elles génèrent. Aussi, le rebond économique prévu sur 2021 risque fort d’être inférieur à ce qui était prévu. Malgré la combinaison de ces éléments, plusieurs facteurs restent positifs et soutiennent les marchés financiers, qui, sans réaliser de rallye depuis le début d’année, se tiennent plutôt bien.
Citons ainsi des attentes de plus en plus élevées en matière de dépenses budgétaires, des perspectives de reprise économique (fut-elle, comme indiqué plus haut, inférieure aux prévisions d’il y a six mois), une Fed qui demeure largement accommodante, un dollar relativement faible si on en juge par rapport à son niveau au cours des dernières années (sur les six dernières années, le billet vert a passé 95% de son temps au-dessus de ses niveaux actuels par rapport à l’Euro).
A cela se rajoutent, un peu partout dans le monde des problèmes de chaîne d’approvisionnement en raison des consignes d’espacement des travailleurs sur les chaines de production. Des secteurs comme celui du livre, de l’automobile sont fortement impactés et les achats mettent du temps à être livrés aux consommateurs. Tandis que la demande ne faiblit pas.
L’ensemble de ces conditions est clairement propice à un terreau inflationniste.
Ainsi, une hausse des prix à la consommation est attendue dans les mois à venir tant du côté des Etats-Unis que sur le vieux continent. Des anticipations respectivement de 2% et 3% sont couramment indiquées. Les banques centrales ne devraient logiquement pas intervenir pour freiner cette inflation car elle permettra, tout simplement, par un effet prix, de pousser les PIB à la hausse. A défaut d’un effet volume, l’effet prix devrait permettre d’accélérer les choses.
Mais tout le défi pour les banques centrales sera de ne pas laisser s’installer en parallèle une remontée trop importante des taux longs, qui impacterait alors les taux de crédit des ménages et des entreprises, et réduirait la consommation et l’investissement. Dans ce cas, la situation virerait à la catastrophe, avec une hausse des prix d’un côté et une diminution des dépenses liées aux deux mamelles du PIB, que sont la consommation et l’investissement.
C’est donc une fois de plus sur les épaules des banques centrales que va reposer le rétablissement d’une croissance économique. Elles auront fort à faire.
Qui a parlé d’économie administrée?
*Le PIB s’est contracté de 3.5% aux Etats-Unis et de 8.3% en France en 2020 selon les premières estimations qui seront certes revues, mais jamais de manière drastique. Les ordres de grandeur sont bien là…